L'ÉQUIPE

Le récap du meeting de Paris : records du monde, Ingebrigsten phénoménal, Lyles vainqueur sur 100 m

Dans ce meeting de Paris, comptant pour la Ligue de diamant, on retiendra surtout, ce vendredi, les records du monde de Faith Kipyegon sur 5 000 m et de Lamecha Girma sur 3 000 m steeple, ainsi que la performance XXL de Jakob Ingebrigtsen sur 2 miles. Seuls Marcell Jacobs et Sydney McLaughlin-Levrone, champions olympiques, ont légèrement déçu.

ma liste
commenter
réagir

Kipyegon et Girma ont fait chauffer la piste

Il y avait un goût de déjà-vu, et pourtant, pour la Kényane, ça n'enlevait rien au bonheur. Dans des conditions météo favorables et une très belle ambiance, Kipyegon a battu le record du monde du 5 000 m en 14'5''20, quelques jours à peine après avoir déjà explosé la meilleure marque de l'histoire sur le 1 500 m, au meeting Diamond League de Florence.

L'ÉQUIPE

Un peu plus tard dans la soirée, l'Éthiopien Lamecha Girma y est lui aussi allé de son record du monde, cette fois sur 3 000 m steeple. Le vice-champion olympique et du monde de la distance a signé un 7'52''11, plus d'une seconde de mieux que les 7'53''63 du Qatarien Saif Saaeed Shaheen, dont le record datait de 2004.

Ingebrigtsen supersonique sur le 2 miles

Dans une ambiance folle, le Norvégien a amélioré la meilleure performance mondiale de l'histoire (distance non reconnue pour les records) mais c'est bien avec la pancarte « World Record » qu'il a posé, bien essoré après sa course. Parti sur les bonnes bases, notamment dans la foulée du Français Benoît Campion, spécialiste du 1 500 m et lièvre d'un soir, le champion olympique n'a pas tremblé quand le deuxième lièvre Kyumbe Munguti a relancé un peu fort à mi-course.

L'ÉQUIPE

Ingebrigtsen mettait un tour à revenir dans la foulée puis se lançait dans un raid seul à 1 100 m du but. Passé en 7'24'' au 3 000 m - son record personnel -, le cadet de la fratrie norvégienne finissait fort, comme s'il volait sur la piste, laissant la lumière verte de la wavelight bien derrière lui.

Au final, il mettait Daniel Komen (7'58''61) très loin, avec une nouvelle marque à 7'54''10. « Les premiers tours ont été assez faciles, lâchait-il en zone mixte, après avoir laissé ses chaussures pour analyse par World Athletics. Courir à 59'' au tour, c'est assez doux pour moi. Mais après quelques tours, la course a vraiment commencé. Je ne pensais pas courir aussi vite et j'ai été surpris de voir la lumière derrière moi. Quatre secondes c'est une belle marge. »

Lyles domine le 100 m, Jacobs déçoit

Il ne manquait que le champion du monde Fred Kerley, ou presque, sur la ligne droite parisienne. Noah Lyles, champion du monde du 200 m, Ferdinand Omanyala, meilleur performeur de l'année (9''84), Marcell Jacobs, champion olympique, Letsile Tebogo, pépite du sprint... Finalement, c'est l'Américain, le premier cité, qui s'est imposé en 9''97 (-0,9 m/s) devant Omanyala, le seul avec Lyles sous les 10 secondes (9''98).

Tebogo a complété le podium en 10''05, son meilleur temps de la saison. Jacobs, qui faisait sa rentrée après plusieurs forfaits successifs, n'a terminé que 7e, franchissant la ligne avec un temps de 10''21, loin, très loin de ses standards et de ses ambitions. Mouhamadou Fall, seul Français engagé, a terminé dernier en 10''22.

Holloway sous les 13 secondes sur 110m haies

Il est grand, Holloway, toujours à répondre présent lorsque le moment s'y prête. Et dans la soirée parisienne, l'Américain, champion du monde à Eugene l'an dernier, a réalisé la première performance de l'année sous les 13 secondes (12''98, -0,5 m/s), ce qui avait tendance à le ravir, en témoignait son grand sourire à l'issue de la finale du 110 m haies. Une finale à laquelle n'avait pas participé Devon Allen, son compatriote et rival annoncé, disqualifié en séries après avoir heurté la première haie.

Côté français, Just Kwaou-Mathey, deuxième derrière Grant Holloway, a signé son record personnel en 13''09, la troisième meilleure performance française de l'histoire, à égalité avec Garfield Darien. C'est par la même occasion la quatrième meilleure performance mondiale de l'année. Wilhem Belocian, cinquième de la course, a, de son côté, signé son meilleur temps en 2023 avec 13''20. Les deux étaient déjà qualifiés pour les Mondiaux de cet été, à Budapest, mais confirment être dans de bonnes dispositions.

McLaughlin-Levrone a explosé

Pour ce premier 400 m très attendu, Sydney McLaughlin-Levrone est partie comme une balle. L'Américaine a avalé d'entrée la vice-championne du monde Marileidy Paulino, remis un coup d'accélérateur à l'entrée du second virage, monstrueux. Dans cette soirée folle, tout semblait alors possible.

Mais la championne olympique et du monde du 400 m haies a explosé dans la dernière ligne droite, reprise par une Paulino hargneuse, en 49''12, contre 49''71. Après avoir remporté en coulisses la bataille pour le couloir 5, également plébiscité par McLaughlin-Levrone, la Dominicaine s'est également imposée sur la piste, sans panique. Pour « SML », le test aura forcément donné des enseignements intéressants pour la suite.

Minima mondiaux pour Happio, Vaillant... pas pour Bedrani

Alignés sur 400 m haies, Wilfried Happio et Ludvy Vaillant ont réalisé les minima qualificatifs pour les Championnats du monde de cet été (19-27 août), à Budapest (Hongrie). Happio, seulement battu par l'Américain CJ Allen, a signé son meilleur temps de la saison en 48''26, ce qui a tendance à rassurer après sa frayeur au ménisque le week-end dernier, à Hengelo (Pays-Bas).

« Je n'étais pas sûr de courir avec mon genou gauche mais l'ostéo de la Fédération a fait un miracle à l'échauffement, a déclaré le 4e des derniers Mondiaux sur la distance après la course. Ça m'a donné confiance. Ça fait plaisir de voir qu'on évolue dans la saison car ça faisait trois fois que j'étais en 49''. »

Vaillant, lui, a terminé 4e de la course en 48''60, son record personnel sur l'année également. Au rayon des minima, Djilali Bedrani, après sa bonne rentrée au meeting Diamond League de Rabat, n'a pas coché la case sur 3 000 m steeple, se contentant d'un 8'21''70.

L'Amérique domine sur 200 m

Surreprésentées sur le 200 m, avec cinq inscrites sur la start-list, les Américaines ont dominé le demi-tour de piste. Sans les stars jamaïquaines, Gabrielle Thomas s'est imposée en 22''05 (-0,4 m/s) devant Abby Steiner (22''34).

Le meilleur temps de sa saison pour Thomas, qui n'avait pas pu participer aux Mondiaux l'an dernier en raison d'une blessure quelques semaines avant les sélections américaines. « Je suis enchantée, confiait-elle après la course, et tout le monde parlait de Dina Asher-Smith et Marie-Josée Ta Lou. » Qui ont respectivement terminé 4e (22''57) et 3e (22''34).

Temps rassurant pour Vicaut, Mayer un poil décevant

Dans un 100 m hors Diamond League, le recordman de France de la discipline Jimmy Vicaut, quelque peu disparu des radars ces temps-ci, a signé un 10''06 (+0,2 m/s) plutôt rassurant. C'est son meilleur chrono depuis deux ans. « J'ai essayé de m'amuser, de penser à la technique, expliquait le Francilien, donc je suis vraiment satisfait. »

Kevin Mayer, de son côté, a vécu un triathlon un peu mitigé, ressentant notamment une crampe à l'ischio sur le 110 m haies. Une douleur qui est passée, mais pas la petite déception qu'il traînait d'avoir manqué son épreuve du poids. Le récent champion du monde du décathlon semblait davantage satisfait à la longueur. « Hors Championnat, j'ai rarement sauté comme ça », a-t-il confié.

Un triathlon mitigé pour la star de l'athlétisme français. (F. Faugère/L'Équipe)
Un triathlon mitigé pour la star de l'athlétisme français. (F. Faugère/L'Équipe)

Hodgkinson déjà supersonique

Fatiguée par un long hiver conclu par le titre aux Championnats d'Europe en salle sur 800 m, Keely Hodgkinson faisait sa rentrée ce vendredi soir à Paris. Joint au téléphone quelques jours avant le rendez-vous parisien, la vice-championne olympique avouait avoir passé un bon printemps mais ne savait pas où se situer.

Partie tout de suite dans la foulée des lièvres, la Britannique a couru comme à son habitude, passant en tête dès que possible pour finir en trombe et se détacher du peloton. Elle franchissait alors la ligne en 1'55''77, signant un nouveau record britannique, la laissant bouche bée devant le panneau des résultats.

Derrière elle, la Française Léna Kandissounon, bien calée dans le peloton (8e en 1'59''65), pulvérisait son record personnel pour passer pour la première fois de sa carrière sous les 2'et réaliser les minima pour les Mondiaux de Budapest (19-27 août). « Je suis plus que satisfaite, je fais les minima, je suis trop contente, lâchait la Française encore euphorique en zone mixte. Il y avait beaucoup de monde que je connaissais dans les tribunes. Je suis derrière et je me laisse porter. Je la voulais vraiment cette barrière de 2'. Tout était très clair, j'étais très sereine. »

Robert s'en contentera

Le garçon court pour la gagne et c'est ce qu'il a encore fait vendredi soir. Vainqueur en 2022 sur cette même piste de Charléty, Benjamin Robert voulait remettre ça. Placé derrière le Canadien Arop (3e des derniers Mondiaux), le Français s'accrochait et semblait capable de faire la différence dans la dernière ligne droite, dans une course partie sur de belles bases (50''50 au 400 m).

Pourtant toujours solide sur ses cannes, le vice-champion d'Europe en salle voyait ses concurrents fondre sur lui, pour finalement prendre la cinquième place en 1'43''48 (victoire pour Wanyonyi en 1'43''27), signant tout de même un nouveau record personnel, tout comme les autres Français de la course Azeddine Habz (7e en 1'43''90) et Yanis Meziane (8e en 1'44''78).

Benjamin Robert a battu son record personnel, ce vendredi, mais pas la concurrence. (F. Faugère/L'Équipe)
Benjamin Robert a battu son record personnel, ce vendredi, mais pas la concurrence. (F. Faugère/L'Équipe)

À signaler aussi...

La deuxième place à la perche de Margot Chevrier, qui a battu son record d'un centimètre avec 4,71 m. « C'était un concours de folie, expliquait-elle, alors que l'échauffement a super mal commencé. J'ai eu du mal à me mettre dedans, mais quand on voit l'ambiance, le petit pourcentage d'énergie qu'on n'avait pas arrive. Je fais de très beaux sauts à 4,61 m et 4,71 m, après à 4,77 m je n'ai plus grand-chose comme énergie. Sur de la technique, je bats mon record, je pense qu'il peut y avoir de très grosses perfs. »

Au disque, l'Américaine Valarie Allman s'est imposée avec 69,04 m. La Française Mélina Robert-Michon, un peu émoussée par ses deux sorties la semaine passée à Montreuil à Florence, s'est contentée d'un meilleur jet à 61,91 m. Le médaillé de bronze européen Jules Pommery a terminé 4e de la longueur avec 7,90 m (-0,  m/s), la victoire est revenue à Miltiadis Tentoglou avec 8,13 m. À la hauteur, Nawal Meniker est encore passée pas loin de battre son record, mais en est restée à 1,91 m. L'Australienne Nicola Olyslagers s'est imposée en passant la barre des deux mètres.

publié le 10 juin 2023 à 00h17 mis à jour le 10 juin 2023 à 11h45
Les commentaires sont soumis à des règles de modération. lire la charte