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David Floury, directeur technique de Toyota : « Je ne nous vois pas comme le favori »

David Floury connaît bien le projet WEC de Toyota. (TOYOTA GAZOO Racing/Toyota gazoo racing)
David Floury connaît bien le projet WEC de Toyota. (TOYOTA GAZOO Racing/Toyota gazoo racing)

Le nouveau directeur technique de Toyota, David Floury, qui a remplacé Pascal Vasselon durant l'hiver, n'estime pas que son équipe, bien que championne du monde en titre, est le légitime favori de cette nouvelle saison du WEC. Il préfère laisser cette étiquette à Ferrari, vainqueur l'an dernier au Mans.

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« Comment s'est passée la transition avec Pascal Vasselon ? Elle a été un peu précipitée ?
On a décidé de répartir les tâches dans l'équipe car ici à Cologne (siège de Toyota Gazoo Racing Europe), on ne gère pas que le programme WEC. Mon poste couvre tous les projets, donc la nouvelle organisation est différente de celle en place jusqu'alors. Je n'étais pas informé de cette transition dès cet hiver. C'était prévu mais pas à ce moment-là, c'est une décision du top management de Toyota. On a travaillé ensemble avec Pascal depuis 2011, pour préparer le retour de Toyota en endurance. On va de l'avant avec cette nouvelle organisation.

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Est-ce que ce changement de gouvernance pourrait avoir des effets négatifs sur l'équipe ?
Avec Pascal ou moi, le travail est le même, les résultats de l'équipe ne dépendent pas d'une seule personne. L'équipe est stable depuis plusieurs saisons sur les postes clés. Je ne suis pas nouveau dans l'organisation, j'étais déjà là comme directeur technique d'Oreca, on travaillait ensemble avec Pascal et John Litjens, le chef de projet WEC depuis le début. J'ai rejoint TGRE à temps plein depuis deux ans, ce n'est pas une rupture, c'est une continuité. Tous les processus sont déjà en place, on a une bonne équipe avec des gens brillants.

Avez-vous pu travailler sur la voiture durant l'hiver, la faire évoluer en vue de 2024 ?
On a réalisé quelques petites modifications, mineures, dans le cadre de la réglementation Hypercar. Le processus est assez strict en termes de développement possible. Il n'est pas possible de faire une nouvelle voiture chaque année. On est sur des évolutions mineures, soit liées à des difficultés d'approvisionnement de certaines pièces, soit sur la fiabilité. Mais on a continué à travailler sur la mise au point et l'exploitation de la voiture, on ne s'est pas croisé les bras durant l'hiver.

« Avoir 19 Hypercars sur la grille, c'est super, on ne peut que se réjouir de cette concurrence »

David Floury

Une nouvelle saison approche, tous les compteurs sont remis à zéro. Dans quel état d'esprit l'abordez-vous ?
L'objectif est de maintenir notre niveau de performance, de défendre notre titre, de gagner, au sein d'un plateau qui n'a jamais été aussi beau. C'est super motivant, un gros défi. Avoir 19 Hypercars sur la grille, c'est super pour le sport, fantastique, on ne peut que se réjouir de cette concurrence.

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Deux Toyota GR010 seront encore engagées cette saison. (Toyota)
Deux Toyota GR010 seront encore engagées cette saison. (Toyota)

Est-ce que ce plateau fourni va modifier votre approche des courses, des qualifications peut-être où il ne faudra pas se louper ?
Rater les qualifications ne rendra pas les choses faciles, c'est évident. La position sur la grille sera importante, plus qu'auparavant. C'est bien pour le show et les fans. Nous réfléchissons à la possibilité de modifier les réglages de la voiture en conséquence. En course, il faudra être régulier, ne pas faire de bêtises, exploiter toutes les opportunités. Il y aura plus de voitures à surveiller, mais l'approche de la course ne changera pas forcément. C'est plutôt l'évolution du règlement avec la mise en place de la VSC (Virtual Safety Car, comme en F1) qui pourrait changer les choses et offrir des opportunités de stratégie. Les points vont aussi être distribués entre plus de voitures, c'est à prendre en compte pour le Championnat.

« La BoP rend difficile une domination totale d'un constructeur, il faut être réaliste et lucide à ce sujet »

David Floury

Vos rivaux aiment à vous désigner comme le favori pour la saison. Vous le voyez aussi ainsi ?
On a clairement fait le job l'an dernier sur le Championnat mais je ne nous vois pas comme le favori, nous n'avons pas gagné au Mans. C'est le vainqueur qui est favori (Ferrari). Nos rivaux ne se sont pas endormis durant l'hiver, les cartes sont redistribuées. On aborde la saison avec détermination mais aussi humilité, comme on le fait toujours. Ce n'est pas de la fausse modestie, le concept de favori est très virtuel. On est dans un Championnat avec une BoP (Balance of Performance) qui resserre les performances des voitures. Cela rend difficile une domination totale d'un constructeur, il faut être réaliste et lucide à ce sujet.

Il y aura neuf constructeurs et 19 Hypercars sur la grille. Quel sentiment cela vous procure ?
C'est magnifique pour le sport, les fans. C'est plus agréable de courir face à une concurrence relevée que connaître les années qu'on a connues (2021 et 2022 avec cinq Hypercars sur la grille), qui étaient une transition. On a été fidèle à la discipline et j'espère qu'on continuera à l'être longtemps. Nous utilisons ces courses d'endurance pour progresser et transmettre ce qu'on apprend sur les voitures de série. C'est clairement notre philosophie, c'est donc mieux d'être confronté à une concurrence exacerbée car cela permet de progresser plus vite.

Je pense que l'endurance vit un âge d'or, la précédente période aussi relevée était la fin des années 90, mais il n'y avait pas de Championnat, tout était basé sur Le Mans. Aujourd'hui, il y a encore plus de constructeurs qu'à cette époque et le Championnat est fort et bien en place. C'est une des plus belles périodes de l'endurance, il faut savourer. La plateforme Hypercar est intéressante car elle permet de travailler sur les technologies, comme l'hybride ou les efuels non dérivés du fossile, et elle permet aux constructeurs de s'exprimer tout en maîtrisant les coûts. C'était un compromis pas évident à trouver, le travail de l'ACO, la FIA et l'IMSA depuis des années a payé. »

publié le 27 février 2024 à 09h30 mis à jour le 27 février 2024 à 11h43
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