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Alexandra Bonetti, amie de Céline Boutier : « Elle exploite au mieux tout ce qu'elle a en elle »

Alexandra Bonetti avec Céline Boutier lors du British Open 2022. (D.R.)
Alexandra Bonetti avec Céline Boutier lors du British Open 2022. (D.R.)

Golfeuse exerçant sur le LET Access, la deuxième division européenne, Alexandra Bonetti connaît Céline Boutier depuis l'âge de douze et les rassemblements de la ligue de Paris. Elle raconte la gagnante de l'Amundi Evian Championship telle qu'elle l'a vue grandir pour accomplir son destin de championne.

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« Depuis quand connaissez-vous Céline Boutier ?
Depuis qu'on est poussines ! Ça doit faire l'âge de 12 ans. On était toutes les deux en ligue de Paris. Elle a un an de plus que moi, mais pendant les regroupements de catégories on était toujours ensemble. On a gagné ensemble les Championnats d'Europe girls, les Championnats d'Europe dames, et pas mal de trophées en équipes. On est toujours restées très proches et même si ma carrière pro est plus compliquée, je la soutiens à fond. On se revoit dès qu'elle passe à Paris. J'étais avec elle au British Open l'an passé.

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Alexandra Bonetti ici à gauche de Céline Boutier avec l'équipe de France dames. (D.R.)
Alexandra Bonetti ici à gauche de Céline Boutier avec l'équipe de France dames. (D.R.)

Comment a évolué sa personnalité au fil des années ?
C'est incroyable de la voir comme ça mais le plus bluffant c'est qu'elle ne change pas dans ses relations privées. Si on me demande ce qui est différent depuis ces années-là, eh bien... rien. C'est toujours la même et c'est le plus appréciable. Peu d'athlètes sont comme elle.

« C'est quelqu'un de presque normal, mais qui a eu une volonté de dingue et qui l'a mise dans ce projet pro »

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Et la championne, comme s'est-elle construite ?
Elle est issue d'une famille de gros bosseurs et ça s'est bien transmis à leur fille. Sur le papier, elle n'a pas forcément un gabarit qui lui donne un avantage, ni une famille particulièrement dans le sport ou autre qui lui donnerait un autre avantage. C'est quelqu'un presque de normal mais qui a eu une volonté de dingue qui l'a mise dans ce projet pro. Ce qui m'impressionne c'est qu'elle est quand même assez seule à Dallas. Certes elle a son coach (Cameron McCormick, également coach de Jordan Spieth) et d'autres joueuses qui s'entraînent sur le même golf mais elle est quand même toute seule dans son appartement le soir avec peu d'entourage proche. Après, ce n'est pas quelqu'un qui aime être entourée de 50 personnes : elle préfère avoir peu d'amis mais de très bons amis. Elle commence à s'en faire là-bas. Sa force c'est de réussir à garder sa ligne de conduite, sans perdre confiance même si elle se remet toujours en question. Elle progresse physiquement, elle ne reste jamais sur des acquis. Elle exploite au mieux tout ce qu'elle a en elle.

Cette réussite était-elle prévisible ?
Dire que c'était écrit serait un peu facile. Mais franchement, petit à petit, déjà avec ses années universitaires, on voyait que la courbe progressait sans cesse, qu'il y avait rarement des plateaux ou même des petites descentes. Souvent, le cycle d'un athlète est fait de pics, puis de chutes puis de plateaux. Elle, ce n'étaient que des pics et des plateaux, rarement des marches arrière qu'on voit même chez les meilleurs mondiaux masculins comme Collin Morikawa ou Justin Thomas récemment qui ne fait plus grand-chose. Bah Céline, elle est toujours là. Et sans faire de bruit. Les autres joueuses la considèrent mais ce n'est pas quelqu'un sur qui elles vont se retourner quand elles la croisent au practice. Alors qu'elles devraient, parce que sa régularité est quand même assez dingue.

Sa force, c'est aussi son éthique de travail ?
Pour le coup je suis aussi quelqu'un qui travaille énormément c'est donc aussi pour ça qu'on s'est bien entendues. On n'était pas du style à rentrer tôt à la maison ou à dire qu'on en faisait trop. Sur ça on était en phase. Il n'y a pas de secret, elle a son projet très clair, et dans les à-côtés, il y a peu de distractions. C'est très fort parce qu'il y en a peu qui, même après plusieurs années comme ça à monter sans cesse, ne se laissent pas tenter par des sollicitations qui pourraient la dévier de son projet et de ses objectifs. C'est très fort.

Elle est souvent dans sa bulle, son petit monde. Est-ce difficile d'y pénétrer ?
Cette semaine, je lui ai envoyé un message par jour pas plus pour ne pas la déranger. Elle répond. J'essaye de ne pas parler de golf, de lui parler d'autre chose. Quand j'étais au British, on ne parlait certainement pas golf au dîner le soir. On parle de nourriture parce qu'on est toutes les deux très gourmandes. Donc là je lui ai fait une blague par rapport à Cyril Lignac et ses petits oursons dont elle raffole... Elle a son moment golf, ensuite il y a de la place pour rigoler mais tout en restant dans un emploi du temps et un timing propice à la performance le lendemain.

Ce qui explique en partie ses réticences vis-à-vis des médias...
Ce n'est pas qu'elle n'aime pas les médias, c'est juste qu'elle a peur que ça la dérègle dans ses habitudes. Si elle se sentait capable de répondre à 50 interviews, d'être beaucoup plus joviale avec les journalistes, elle le ferait. Mais elle n'a rien contre eux, elle a juste peur de ne pas être à la hauteur pour gérer tout en même temps. »

publié le 31 juillet 2023 à 10h28 mis à jour le 31 juillet 2023 à 10h55
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