En pulvérisant le record du monde dimanche à Berlin avec, en apparence, une facilité déconcertante, Eliud Kipchoge a frappé très fort, peut-être encore plus qu'au printemps dernier, quand il avait réussi un chrono exceptionnel de 2h00'25'' à Monza dans le cadre du projet «Breaking 2» de son équipementier Nike.
Sur le circuit automobile italien, le Kényan avait bénéficié de conditions optimales (fenêtre météo choisie avec soin, nombreux lièvres se relayant et le protégeant du vent, gestion parfaite des ravitaillements) ne pouvant évidemment rendre homologable son temps auprès de l'IAAF.
Si près de la barre mythique des deux heures à Monza, Kipchoge peut-il s'en approcher aussi dans un marathon «classique», donc soumis aux aléas climatiques (pluie, vent, chaleur) et de course (lièvres en plus ou moins grande forme, adversaires rivalisant) ?
«Il lui faudrait des lièvres plus performants» - Bob Tahri
Au vu de son âge (34 ans dans deux mois) et d'une carrière qui ne devrait pas s'éterniser longtemps après les JO de Tokyo en 2020, cela paraît possible pour le prodige d'Eldoret, mais dans des proportions limitées. «Il peut encore gratter quelques secondes, s'approcher des 2h01', estime ainsi Bob Tahri, sans doute à Berlin et pas ailleurs tant le parcours est idéal. Et il lui faudrait des lièvres beaucoup plus performants et capables de l'accompagner plus longtemps que cette année. Des athlètes du calibre de Mo Farah ou Kenenisa Bekele, mais ils n'accepteront jamais d'êtres des lièvres !»
Pour la barre des deux heures, il faudra sûrement attendre que la technologie (chaussures, boissons énergétiques) progresse encore, et qu'apparaisse un hypothétique successeur au plus grand marathonien de l'histoire.