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Siegfried Mandon, jazzman et cycliste

Siegfried Mandon, jazzman et cycliste. (DR)
Siegfried Mandon, jazzman et cycliste. (DR)

Siegfried Mandon est batteur professionnel mais aussi cycliste amateur. Deux pratiques corporelles dans lesquelles il aperçoit des similitudes profondes.

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Il y a ceux qui savent jouir du spectacle. Les mélomanes sont de ceux-là, ils s'épanouissent dans l'écoute. De la même façon, on peut aimer un sport et très bien le connaître sans quitter son canapé. Mais d'autres ont besoin de pratiquer. C'est même la présence de ce besoin qui définit l'artiste, selon Siegfried Mandon : «Un artiste, c'est un pratiquant. Un écrivain écrit, un musicien fait de la musique. Pour ma part, quand quelque chose m'intéresse vraiment, j'ai besoin d'essayer par moi-même.»

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Quand il achète sa première caisse claire à treize ans, ça n'est donc pas pour la poser sur son lit et la regarder. Il s'exerce, prend des cours, travaille, intègre le conservatoire, étudie les structures rythmiques. Et surtout, il joue. De tout : du rock, du rap, et à mesure que ses compétences s'étendent, du jazz. «Ce qui ne diminue en rien la valeur du rock», précise celui qui revisite Hendrix en compagnie d'un vibraphone et d'un orgue. Ses modèles ont pour nom Elvin Jones, Roy Haines, Phily Joe Jones, ou plus tard Jeff Watts.

Du rock au jazz, en passant par le rap. (DR)
Du rock au jazz, en passant par le rap. (DR)

Le coup de foudre

Au début des années 1990, Siegfried Mandon se met à regarder le vélo à la télévision. D'abord le Tour, où la majesté d'Indurain le scotche. Puis ce sont les Classiques, «période Jalabert», qui le font vibrer. Avec mention spéciale à Bartoli, qui monte, visière de la casquette rabattue, toutes les bosses mains au creux du cintre. Mais ça ne lui suffit pas et il décide d'acheter un vélo de route. Depuis, il ne cesse d'alterner entre le visionnage des grandes courses et ses propres expériences. Roulant, montant la longue bosse qui le ramène à la maison. Pour lui, s'imposer des efforts intenses est une façon d'incorporer le spectacle, pour mieux en profiter le moment venu.

Jazz et vélo, deux histoires de groove. (DR)
Jazz et vélo, deux histoires de groove. (DR)
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«J'ai acheté un capteur de puissance. Ça m'amuse beaucoup de constater qu'aussi bien en termes de FTP que de PMA (PMA désigne un exercice de « puissance maximale aérobie », ndlr), je vaux exactement la moitié d'un professionnel», s'exclame-t-il en riant. Inversement, il croit aux vertus mimétiques du visionnage : il y a une façon de regarder les champions, une sorte de bain du regard, qui aide à améliorer son geste.

Jazz et vélo, deux histoires de groove

Entre ces deux passions Siegfried Mandon perçoit de nombreuses similitudes : «le musicien se prépare d'abord tout seul dans son coin, comme un coureur travaille sa condition physique. Puis il monte une équipe, répète, auditionne et donne des concerts. Bref il fait des courses.» L'ascèse du musicien est presque athlétique, explique Mandon. Il passe des heures solitaires à développer ses compétences même si les qualités objectives ne garantissent rien : «je fais de la PMA dans ma cave, tous les jours.»

Sur le thème des rapports entre cadence de pédalage et tempo, Siegfried Mandon n'est pas catégorique. Pédaler, c'est une continuité, un flux. Alors que le batteur, en mettant des impacts, délimite plutôt des espaces. «Phily Joe Jones (un batteur de jazz américain, 1923-1985, ndlr) disait que pour comprendre ce qu'est le groove, il faut s'imaginer une voiture non amarrée qui roule d'avant en arrière, à l'intérieur de son wagon, dans un train de marchandises à l'allure parfaitement régulière», conclut-il en croisant les bras et ses baguettes sur sa poitrine.

publié le 27 mai 2019 à 12h22 mis à jour le 27 mai 2019 à 14h06
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