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Le « Concours de machines » du Paris-Brest-Paris  : focus sur des vélos originaux

Depuis dix ans, les cycles Victoire contribuent à redorer le blason du sur-mesure. (D.R)
Depuis dix ans, les cycles Victoire contribuent à redorer le blason du sur-mesure. (D.R)

En marge du Paris-Brest-Paris, un « concours de machines » a eu lieu, regroupant des vélos originaux, véritables marques du savoir-faire artisanal.

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À l'occasion du récent Paris-Brest-Paris, s'est tenu le quatrième « concours de machines ». L'idée  ? Construire un vélo pour un participant de l'épreuve. La consigne est simple  : « M. (Mme) Rêveur (euse) voudrait bien sûr un beau vélo, léger, joyeux et efficace. » C'est donc dans le cadre de la bergerie nationale de Rambouillet, où était donné le départ et jugée l'arrivée de la mythique épreuve, que lesdites machines furent présentées au jury et exposées au public. Pas moins de 29 merveilles : vélos originaux tous plus stupéfiants les uns que les autres, que ce soit sur le plan de l'innovation et de l'ingéniosité, ou sur celui, non moins fondamental, de l'esthétique.

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Il y a trois ans, la société Victoire Cycle et du magazine « 200-Le vélo de route autrement », reprenaient en main cet événement incontournable. Tombé en désuétude au fil de l'industrialisation puis de la mondialisation du marché du cycle, sa naissance dans le droit fil du concours Lépine, remontait pourtant à 1903.

Au plus près possible de l'état d'esprit originel, il a toujours pour vocation de valoriser et promouvoir le savoir-faire artisanal. Les créations présentées sont examinées par un jury technique, sur pièce et sur dossier, avant et après une mise à l'épreuve en conditions réelles.

Karen Hartley, fondatrice de ISEN, laisse parler son âme et son passé de joaillière. (D.R)
Karen Hartley, fondatrice de ISEN, laisse parler son âme et son passé de joaillière. (D.R)

Paris-Brest-Paris comme test

Cette année, les 1 200 km de Paris-Brest-Paris à parcourir en 90 heures maximum fournirent le terrain de jeu. La fiabilité des machines étant un critère essentiel, obligation leur est faite de finir l'épreuve. De la sorte, c'est à une défaillance humaine que Cyfac, artisan constructeur renommé, dut son élimination. Son pilote contraint à l'abandon, le vélo fut automatiquement disqualifié.

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Le « prix du public » a été attribué à Ernest Cycle, artisan nantais, pour une formidable création en bambou. Aux premières places du classement général on trouve Victoire Cycles, et une étonnante solution de bikepacking ménagée sur l'avant du vélo, Pechtregon avec un modèle entièrement démontable d'une ingéniosité diabolique, puis Rossman Cycles et Grandbois pour des bijoux aussi ciselés que robustes.

Un savoir-faire à protéger

Il est important de noter qu'au-delà du classement, le « concours de machines » manifeste à la fois l'émulation et l'esprit de corporation des artisans du cycle. Entre les concurrents, les échanges de solutions et de savoir-faire vont bon train. Par exemple, Cyfac, qui présentait sa propre machine, était également cité dans huit dossiers « concurrents », ayant ici et là porté concours à tel ou tel aspect de la conception ou réalisation.

Matthieu Chaulet et les cycles Pechtregon avaient misé sur le critère de démontabilité. (D.R)
Matthieu Chaulet et les cycles Pechtregon avaient misé sur le critère de démontabilité. (D.R)

« L'artisanat du cycle en France, c'est environ 1500 pièces annuelles, en tout, explique Aymeric Lebrun, président de Cyfac. Ça n'est pas grand-chose. Les artisans ont intérêt à se serrer les coudes : il y aurait tant à y perdre en termes d'innovation et de créativité. C'est pourquoi nous nous employons à créer notre label d'excellence ».

Professionnels ou « rookies » étaient venus des quatre coins de France, mais parfois de bien plus loin. Ainsi Karen Hartley, ancienne joaillière et créatrice de ISEN bikes, venait de Londres, et Grandbois qui est un des artisans japonais les plus réputés. Freins tirage central ou à disques, selles de cuir riveté, raccords ouvragés dignes d'une salière d'argent à la Bellini, finitions éblouissantes de minutie, pédaliers ajourés avec une subtilité de dentellière, porte-bagages et garde-boue, la liste des émerveillements est interminable.

publié le 26 août 2019 à 12h19 mis à jour le 26 août 2019 à 18h13
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