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En immersion avec l'équipe « Natura4Ever Roubaix Lille Métropole » aux Quatre Jours de Dunkerque

Plongée dans le quotidien de Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole, cette équipe qui tente de rivaliser avec les grosses écuries. (Olivier Haralambon)
Plongée dans le quotidien de Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole, cette équipe qui tente de rivaliser avec les grosses écuries. (Olivier Haralambon)

Lors des Quatre Jours de Dunkerque, nous avons suivi l'équipe Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole. Plongée dans le quotidien de cette équipe qui tente de rivaliser avec les grosses écuries.

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«Les courses se gagnent au lit», dit-on, par allusion à la nécessité fondamentale d'une bonne récupération. Et, pourrait-on ajouter, elles débutent sur les parkings. C'est veille de course, et nous sommes à Loon-Plage, en proche banlieue de Dunkerque où débutent demain les fameux Quatre Jours. Soufflant de la mer toute proche, le vent agite tranquillement arbres et chevelures, mais le ciel s'est enfin élargi et pèse de tout son bleu sur le parking de l'hôtel.

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Les véhicules de l'équipe «Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole» sont rangés en ordre, et le rose magenta de leur maillot tranche sur l'azur. Les portes du camion-atelier sont ouvertes. Au pied des marches, les mécanos Jérôme et Dany (père et fils) s'activent, mettent la dernière main aux vélos et les alignant sur leurs supports. Au pied de chaque tige de selle, l'étiquette au nom de son propriétaire. Les coureurs arrivent un par un, de la même démarche élastique, détendus mais à l'heure. Ils s'engouffrent un instant dans le bus où sont rangés leurs casques et chaussures, avant de se lancer sur la route pour une courte sortie de décrassage. Certains ont couru la veille, d'autres pas.

(Laurent Sanson)
(Laurent Sanson)

Après ce bref galop, c'est l'heure d'un déjeuner tranquille. Staff et coureurs font table à part. Les derniers gardent à portée de main une sorte de caisse à outils sur roulette, dans laquelle ils prélèvent huiles, germes de blé, purée d'amande, céréales... : tout ce qui permet de hisser la cuisine de l'hôtel à hauteur de leurs besoins nutritionnels. Puis l'après-midi s'étire entre repas, repos et massage - la vie d'artiste des cyclistes comprend de ces longues heures. Bras croisés derrière la tête, un oeil sur le Giro à la télé, on s'en remet aux mains du soigneur. On marche peu, on économise son énergie. On tue le temps, il faut le dire, jusqu'au dîner.

Une semaine importante pour l'équipe

Natura4Ever-Roubaix Lille Métropole est une équipe Continentale UCI, dont le budget représente le dixième ou le quinzième de celui des grosses écuries françaises. Les coureurs ne disposent pas de quatre vélos chacun mais de deux vélos de route plus un de chrono, et le bus, par exemple, est plutôt un super camping-car qu'un pullman hyper-luxueux. Mais l'essentiel y est : non seulement parce qu'il est parfaitement fonctionnel, mais parce que la cohésion de l'équipe en fait un authentique foyer.

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D'ailleurs, c'est ici et non pas dans une salle de réunion de l'hôtel, qu'en fin de journée se tient, sous la conduite des directeurs sportifs, le premier briefing d'avant-course. C'est ici que Frédéric Delcambre et Michel Dernies évaluent gentiment la motivation et les ambitions de leur troupe au seuil d'une semaine particulièrement importante pour l'équipe. Sachant que personne, sauf peut-être Julien Antomarchi, le plus gros «moteur» du groupe, ne peut raisonnablement miser sur l'étape du Mont Cassel où les gros bras s'expliqueront.

(Laurent Sanson)
(Laurent Sanson)

Briefing(s) dans le bus

Dans le bus, les sièges se font face. Les visages sont sérieux mais souriants, chacun reste lucide et connaît son rôle. Les DS expliquent leurs attentes et leurs choix. Demain, lors de la première étape, on «ira dans les coups», mais une arrivée groupée reste très vraisemblable. L'équipe compte deux sprinters et, après discussion avec les intéressés, il a été décidé de courir pour Pierre Barbier. Quant à Emiel Vermeulen, il sera protégé au moment du Tour de Belgique, dans quatre semaines.

On étudie donc l'arrivée à Condé-sur-l'Escaut, que les trois derniers kilomètres particulièrement étroits rendent assez délicate. Sur l'écran de son ordinateur, Tom Dernies fait défiler la street view du final de l'étape. À trois kilomètres de l'arrivée, la rue s'étrécit et devient juste assez large pour deux cyclistes, peut-être trois, coureurs de front. Sans compter une petite chicane à 300 mètres qui complique encore la situation.

(Laurent Sanson)
(Laurent Sanson)

Pas de quoi entamer la bonne humeur de la troupe qui s'en va dîner tranquillement. De leur côté, pendant le briefing, mécanos et soigneurs ont achevé leur journée, et dressé la table de l'apéro devant le camion mis en ordre. Une petite bière au soleil couchant ne saurait nuire à la cohésion du staff.

Le lendemain, le centre-ville de Dunkerque brille sous un soleil presqu'aussi éclatant que la voix de Daniel Mangeas. Avant de se rendre sur le podium pour la signature et la présentation des équipes, ils se réunissent une dernière fois. Delcambre et Dernies motivent leurs coureurs, et récapitulent : «Il ne faut pas manquer l'échappée du jour et, en cas d'arrivée groupée, tout faire pour placer au mieux Emiel (Vermeulen) et Pierre (Barbier) à l'entrée de ce fameux virage à gauche, à trois bornes de la ligne.» «Ensuite...» commence Delcambre, aussitôt coupé : «Ensuite, c'est la gagne ou l'hôpital» lance Barbier en remontant son cuissard.

Objectifs atteints

Dès cette première étape, les objectifs de la formation nordiste ont été rempli. Samuel Leroux s'est glissé dans l'échappée de quatre hommes partie avant le Mont des Cats, à environ vingt kilomètres après le départ. Non seulement, elle n'a été reprise qu'au moment du fameux sprint, mais elle lui a valu de porter le maillot blanc du meilleur jeune pour deux jours.

(Laurent Sanson)
(Laurent Sanson)

Et dans le périlleux final - après qu'une chute ait écrémé le peloton - Pierre Barbier fera mieux que tirer son épingle du jeu. Il a fini troisième derrière Dylan Groenewegen. Ce dernier, sprinter de classe mondiale (vainqueur de trois étapes sur le Tour de France), inaugurait là l'outrageante domination de son équipe Jumbo-Visma sur les Quatre Jours de Dunkerque 2019. Toute la semaine, les «Roubaisiens» justifieront leur place à ce niveau. Baroudeur, Sam Leroux se glissera dans bien d'autres coups, et Julien Antomarchi fera jeu égal avec les meilleurs sur les étapes les plus difficiles, pour finir à la neuvième place du classement général.

publié le 20 mai 2019 à 18h06
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