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Raphaël : « Dès que je rentre chez moi, j'enfile un pyjama écossais »

Raphaël sortira son nouvel album, « Une autre vie », le 8 mars. (Arno Lam)
Raphaël sortira son nouvel album, « Une autre vie », le 8 mars. (Arno Lam)

À l'aube de la sortie de son nouvel album, « Une autre vie », prévue le 8 mars, le chanteur Raphaël se confie sur sa routine quotidienne et la place qu'occupe le sport dans sa vie pour la rubrique Fenêtre sur corps du « Magazine L'Équipe ».

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« Le sport est indispensable à ma santé physique et mentale. Je viens d'avoir la grippe et au bout de trois jours, il fallait déjà que je sorte courir malgré la fièvre. Comme j'écris chez moi toute la journée, on peut parler de solitude d'enfermement. Courir tous les jours, pas longtemps, à Montmartre, me libère l'esprit, me donne des idées, dénoue des blocages que je peux rencontrer dans l'écriture d'un livre. Pour moi, la circulation du corps amène la circulation de la pensée.

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Tout a commencé par le tennis à 7 ans, que j'ai pratiqué jusqu'à l'adolescence... Disons jusqu'à ce que je fume des clopes et que je me mette à picoler. Je n'étais pas un bon joueur, tout en ayant l'impression que je l'étais : j'étais aligné dans quelques vagues compétitions, où je tombais sur des adversaires beaucoup plus forts et beaucoup plus grands. Il y a ensuite eu un peu de judo et de hockey sur glace pendant trois ans.

« Vers 2010 je me suis mis à la boxe anglaise mais cela devenait vite frustrant : à 40 ans, se faire taper sur la gueule n'a pas de sens »

J'aimais beaucoup patiner et enfiler tous ces vêtements complexes, un peu à la manière d'un samouraï. Vers 2010, à l'époque de mon album Super-Welter, je me suis mis à la boxe anglaise mais cela devenait vite frustrant : à 40 ans, se faire taper sur la gueule n'a pas de sens. On rentre chez soi avec un mal à la tête pendant deux jours et moi, de toute façon, j'ai envie de faire un procès dès qu'on me tape dessus (rires).

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Un peu comme quand on surprend son reflet dans le miroir, je n'aime pas entendre ma voix parlée. Ma voix chantée en revanche, je la connais bien désormais, je l'apprécie, et je sais comment elle doit sonner. Plus jeune, on passe par différents stades : celui de l'imitation de ceux qu'on aime bien, puis celui où on refuse qu'elle soit formatée et où on envoie valser les cours de chant. Depuis quelques années, je travaille de temps en temps avec un professeur de chant sur internet et c'est merveilleux.

C'est presque comme un exercice sportif, que j'apparente à du yoga pour la phase musculaire et la phase de relâchement. Je chante tous les jours, mais il m'a fallu du temps pour comprendre que je devais travailler ma voix comme je travaille le piano et la guitare. Elle a certaines limites. À l'époque où je fumais des clopes, je ne pouvais pas monter très haut et bizarrement, mes bas n'étaient pas très beaux.

Pour Raphaël, « une bonne chanson s'écrit en cinq minutes ». (Arno Lam)
Pour Raphaël, « une bonne chanson s'écrit en cinq minutes ». (Arno Lam)

J'ai un humour un peu pince-sans-rire, je ris à mes propres blagues et mes enfants aussi, c'est l'essentiel. Je pense que je suis double : j'ai réellement de la mélancolie en moi, de la révolte, mais aussi de la positivité. Toute ma mélancolie est déposée dans mon travail, et cela me permet d'être très heureux.

Le matin, je me lève, je me sers un café, je suis joyeux. L'écriture des chansons, c'est énormément de plaisir. Une bonne chanson s'écrit en cinq minutes, la plupart du temps, selon moi. On met le doigt sur une émotion. Ce n'est presque plus un travail. Au bout de cinq minutes, je vois vite si j'ai quelque chose et si ce n'est pas le cas, je prends mon petit sac de sport et je suis très content. Pour un livre, l'acte est plus solitaire, long, douloureux.

« Si c'était à refaire, je crois que je garderais mon nom de famille en tant que chanteur, comme pour mes livres »

Si c'était à refaire, je crois que je garderais mon nom de famille en tant que chanteur, comme pour mes livres. Une lubie de jeunesse sûrement, et puis cette tradition de Christophe à Barbara, jusqu'à Dave ! (Il rit.) Chez les écrivains, on ne connaît pas ça. Il n'y a pas de Patrick. Si Modiano s'était juste appelé Patrick, il n'aurait jamais eu le Nobel (rires). Ou Jean-Marie pour Le Clézio ! Ça fout en l'air tous les prix Nobel, ce truc !

L'androgynie, on m'en parlait beaucoup il y a vingt-cinq ans, mais plus maintenant. Je ne la cultivais pas, elle était sûrement induite par mes traits ou ma barbe tardive, mes cheveux longs... J'ai attendu mes 30 ans pour avoir une barbe correcte, et encore je la trouve un peu galeuse. Je m'habille toujours de la même manière : un jean, une paire de boots, un tee-shirt, un pull, car la mode ne m'intéresse pas.

Dès que je rentre chez moi, j'enfile un pyjama écossais et des chaussons Carvil absolument délicieux, un peu vénitiens, raffinés. Cela me donne envie de me servir un verre de gin et de me mettre au piano. Dès que j'aurai fini cette interview d'ailleurs, j'irai enfiler mon pyjama, et tant pis s'il est 16 heures ! (Rires.) »

Raphaël c'est...
1,75 m pour 69 kg.
3 sessions de tennis par semaine.
40 minutes de course à pied cinq jours par semaine.
1 bière avant de monter sur scène.
3 Victoires de la Musique.
1 prix Goncourt de la nouvelle (2017).
10 albums dont le dernier, Une autre vie, sort le 8 mars.
publié le 3 mars 2024 à 11h00 mis à jour le 8 mars 2024 à 11h58
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