L'ÉQUIPE

Quatre marques made in France écoresponsables

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Quatre marques made in France décident d'investir dans le long terme et la qualité. Tour d'horizon de ces initiatives écoresponsables pour freiner le gaspillage et envisager l'avenir avec des produits de très grande qualité qui ont du sens.

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Forlife

Ils ont la petite quarantaine, appartiennent a une generation bafouee par le plastique, pas du tout fantastique. Createurs, ils plongent les deux mains dans le concret et trouvent des moyens, bien reels, de vivre le plus en accord possible avec leur ecoresponsabilite. Pas de langue de bois, ils veulent du vrai. Lucas Bonnichon, cofondateur de Cuisse de Grenouille et a la tete avec son frere Severin de la marque Forlife : « Nous ne sommes pas nes purs ecolos, mais nous prenons clairement la mesure de ce qu'il se passe. Le textile est le deuxieme secteur le plus polluant au monde. On ne peut pas ne pas en prendre conscience. Nous voulons avoir un impact positif, reussir quelque chose qui parle reellement aux gens. Produire le nombre de pieces dont ils ont besoin, c'est super. Le principal souci des marques aujourd'hui, c'est le stock. la solution est de ne pas surproduire ». Forlife faconne les choses une a une, facon souscription, comme ce premier blouson de cuir facture 249 euros, ecoule a 550 exemplaires cet ete. « Nous filmons le prototype, montrons aux gens l'usine, qui, quoi, ou, comment. Nous sommes transparents, nous voulons une tracabilite totale. Nous avons propose le blouson le 15 juin, durant 1 mois, sans avoir rien produit a part le prototype. Nous avons recolte 550 ventes. Alors, seulement, nous avons lance la production. »
forlife-paris.com

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Solovière

Alexia Aubert, a la tete de la marque Soloviere, cree des souliers. Meme combat, en forme de cercle vertueux : sus au gaspillage, et par la meme occasion aux pertes d'argent et d'energie. « Sur notre site apparait la mention "6 weeks delivery". Quand un client achete une paire de chaussures, cela declenche la production. Nous nous mettons en contact directement avec lui, le delai est honnete. A l'atelier, le couteau n'est pas sous la gorge. C'est l'equilibre entre l'attente du client et la faisabilite, un equilibre qui, surtout, evite un gachis inoui. » Fabriquer de la tres grande qualite, reflechir aux processus, penser la production pour creer de belles choses qui vont durer toute la vie : l'engagement est reel, le storytelling parfait. On applaudit.
soloviere.com

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(Courtesy of Solovière)
(Courtesy of Solovière)

Cosmydor, beauté bio

Il y a bio et bio. On le savait pour l'alimentation, on le découvre côté cosmétiques. Illustration avec la maison Cosmydor, fraîchement relancée par l'entrepreneur Xavier Quattrocchi. Cette marque qui existait déjà à la fin du XIXe siècle proposait des crèmes et un savon « entièrement naturels ». Une mention rare à cette époque où fabriquer un produit d'hygiène sans vinaigre était une gageure. « Pour rester dans l'univers de la marque, nous avons choisi de diffuser des produits qui vont plus loin que la certification bio » explique Xavier Quattrocchi. « Les nouveaux outils d'analyse permettent de vérifier ce que contiennent les lots que nous recevons. Nous connaissons mieux les principes actifs des plantes. On peut donc cibler les meilleurs ingrédients. »

Concrètement, la fabrication est totalement artisanale. Elle favorise les associations de travail des handicapés et traite les matières premières (« qu'on ne chauffe jamais ») à la main. L'objectif ? Tout ce qui est bénéfique dans la plante le reste jusqu'à la peau. L'approche vaut aussi pour le sourcing et la cueillette des végétaux est privilégiée autant que faire se peut. L'extraction des principes actifs se fait à froid. Certes, elle est plus chère qu'au solvant, mais elle n'abîme pas les molécules organiques des plantes. « Ce procédé n'est jamais indiqué sur l'étiquette » regrette le (re)fondateur. À noter également qu'aucune substance n'est ajoutée, même naturelle, pour transformer l'odeur du produit.

Côté packaging, les emballages au design soigné évitent à 99,9 % le plastique, potentiellement nocif pour la planète, mais aussi le carton à usage unique. « Nos boîtes sont réutilisables ; sur le site internet, les clients ont la possibilité d'acheter le produit sans packaging, pour moins cher. » Les pots en verre opale blanc comme au début du XXe siècle, en verre noir ou miron sont très beaux. On a envie de les garder. Le remplissage des pots ? « C'est plus compliqué que nous ne l'imaginions. Mais on est dessus ! Les grosses marques devraient aussi s'y mettre. »
cosmydor.paris

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Patagonia, business Modèle

Patagonia, la marque pionnière de l'écoresponsabilité, le revendique : elle est activiste. Ultra engagée, elle est aussi très populaire. Génie du storytelling, certes, mais surtout sincérité absolue. La preuve que les faux-semblants n'ont plus leur place dans un monde qui, enfin, se réveille. Illustration du propos sur la Toile. Deux mots et un point d'interrogation : « Pourquoi gâcher ? ». Sur le site Patagonia.com, la question endosse le rôle d'affirmation. C'est culotté. C'est honnête surtout, même si cela déstabilise forcément le prospect, ou le client, appelons-le comme on veut, au bout du compte : nous. Micro malaise. On déambulait sur le net pour s'acheter une doudoune. Résultat, avant même le premier clic, on se retrouve face à notre réalité, nos responsabilités. Miracle signé Patagonia, contre toute attente, on ne zappe pas.

Franche du collier, la marque fondée par Yvon Chouinard n'a pas l'habitude de ménager la chèvre et le chou, quitte à pousser chacun dans ses retranchements. Depuis 1996 - autant écrire une éternité -, toutes les pièces maison conçues en coton le sont avec du coton biologique. Fin 2018, la marque, au coeur de sa gamme phare, tire un trait sur le pétrole et les surplus de déchets. Le Gore-Tex de la collection Powder Bowl est désormais recyclé, et toujours garanti. « Chaque équipement de sports d'hiver que nous fabriquons est durable et réparable. Ainsi, les skieurs et les snowboardeurs peuvent le conserver saison après saison. » Fin assumée de l'obsolescence programmée. Terminée la récré.

Dans une interview à Beside, média canadien désireux de « construire des ponts entre l'humain et la nature », Yvon Chouinard déclare : « La génération Y comprend bien notre objectif d'engendrer le moins d'effets nuisibles possible lors de la fabrication de nos produits. Les membres de cette génération sont conscients des problèmes, savent que nous détruisons la planète et veulent s'impliquer pour renverser la vapeur. En fait, nous avertissons nos clients : pensez-y deux fois avant d'acheter un de nos produits. En avez-vous réellement besoin ou faites-vous un achat par pur ennui ? Et puis, nous les garantissons à vie, s'ils se brisent, nous nous engageons à les réparer. » Ou à montrer aux clients comment faire. En conscience. Voilà ce qui nous touche chez Patagonia : l'histoire qu'elle nous vend a du sens. Elle parle à notre âme, précisément là d'où l'on sait que, même en jouant à l'autruche, on ne peut plus fermer les yeux.

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publié le 31 juillet 2019 à 17h45 mis à jour le 21 novembre 2019 à 15h07
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