L'ÉQUIPE

L'Ombrie, un coin d'Italie méconnu à la beauté sauvage

La Torre di Moravola. (Roberta Valerio)
La Torre di Moravola. (Roberta Valerio)

Une tour de guet plantée dans un décor intact depuis le Moyen Âge. Vallées profondes entaillées de rivières, montagnes couvertes de forêts denses, lacs scintillants. Immersion dans l'obscure Ombrie, qui brille par sa sauvagerie et sa singularité.

ma liste
commenter
réagir

À la nuit tombée, pas une lumière à la ronde. Pas une construction en ligne de mire depuis la Torre di Moravola. Aucune trace de civilisation à l'horizon. On est loin, très loin, en Italie, sous une pluie d'étoiles avec des forêts de châtaigniers qui épaississent l'obscurité. Dans la lumière de la lune ondulent les oliviers argentés de la vallée de Carpini, quelque part près de Pérouse. Un décor intact depuis le XIIe siècle. Quelle région en Europe peut prétendre avoir subi si peu de transformations en l'espace de dix siècles ? Résolument sauvage, à peine apprivoisée, l'Ombrie tranche avec sa voisine la Toscane manucurée !

L'ÉQUIPE
L'horizon à 550 mètres d'altitude, depuis la Torre di Moravola posée sur la crête des collines qui s'étendent à perte de vue, vierges de toute construction. (Roberta Valerio)
L'horizon à 550 mètres d'altitude, depuis la Torre di Moravola posée sur la crête des collines qui s'étendent à perte de vue, vierges de toute construction. (Roberta Valerio)

Ici, la main de l'homme n'est pas intervenue pour redessiner le paysage. La nature n'a jamais perdu ses droits. Un territoire méconnu - épargné par les flux touristiques - bruissant de cascades et ruisselant de verdure à humer, parcourir, écouter, caresser. Dans ce poumon vert de l'Italie, on communie d'emblée avec la nature. Ça se fait tout seul, à notre insu. Car, omniprésente, la nature l'emporte sur tout. De là à être touché par la grâce, il n'y a qu'un pas. Et c'est ainsi depuis des siècles. Déjà Saint François d'Assise, à quelques kilomètres de là et contemporain de la Torre di Moravola, parlait aux oiseaux...

Les remparts de Castiglione del Lago et flotter sur le lac de Trasimène, quatrième plus grand lac italien. (
Les remparts de Castiglione del Lago et flotter sur le lac de Trasimène, quatrième plus grand lac italien. (

L'Ombrie flirte avec le mysticisme. Peuplée de songes et de sources, elle abrite des louanges et des lacs. Nous ferons donc de la Torre di Moravola, tour de guet du XIIe siècle à 550 mètres d'altitude convertie en hôtel confidentiel, notre QG. On y va pour vivre perché. Le téléphone passe mal ou peu, idem pour internet. On prend ses distances avec les fureurs du monde. On prend de la hauteur. Torre di Moravola invite au recueillement. On se rassemble pour s'adonner à la contemplation et à l'introspection. Une exploration intérieure à 360 °, comme la vue stupéfiante depuis cette tour. La fréquentation de la beauté italienne agit immédiatement. Elle procure un bonheur pur. Tout est source d'émerveillement : suivre du regard la brume accrochée aux collines dans la fraîcheur du petit matin, plonger dans la piscine miroir comme dans un paysage liquide, écouter le silence.

L'ÉQUIPE
Torre di Moravola. (
Torre di Moravola. (

Dans un tel décor, on se dit alors que l'élévation de l'âme est chose naturelle. En fait, il suffit de suivre l'exemple de Christopher Chong, maître des lieux avec sa compagne Seonaid Mackenzie. Homme de peu de mots, cet architecte anglo-chinois de Hong Kong incarne la sérénité. On le voit rarement, mais avec de la chance on apercevra sa silhouette au détour d'un bosquet ou assis en contemplation méditative. C'est lui, avec Seonaid, qui a donné une nouvelle vie à la Torre di Moravola.

La piscine de la Torre di Moravola, ultime frontière avec le paysage. ()
La piscine de la Torre di Moravola, ultime frontière avec le paysage. ()


Quand le couple découvre en 2001 la tour abandonnée envahie de végétation, Christopher a une vision : une épure contemporaine. Disciple de Norman Foster et Tadao Ando, Christopher transcende cette architecture quasi millénaire par deux interventions radicales. Des puits zénithaux pour faire entrer la lumière à flots et casser la rudesse des murs épais comme des remparts. Et l'intervention du béton brut de décoffrage. Du contraste naît un choc qui fait écho à celui créé par Carlo Scarpa à Vérone dans la restauration du musée de Castelvecchio, son inspiration. Peu d'élus viennent goûter au modernisme médiéval de cette néo-retraite qui compte seulement huit suites. Face au raffinement et au confort enveloppant de douceur la Torre, on se convertit direct à la rigueur monastique. De là-haut, tout est possible. Depuis ce repère céleste, face à l'immensité du paysage, on fait des plans sur la comète.

Et si on rayonnait à vélo dans les vallées alentour ? On dévale alors la colline en empruntant les mille et un lacets jusqu'à Montone, le village le plus proche qui deviendra notre deuxième QG après la Torre. On pourra ensuite choisir de suivre le cours du Tibre ou prendre les chemins de traverse en VTT dans les sous-bois. Autant d'itinéraires à parcourir également à pied ou à cheval, accompagné d'un guide et d'un pique-nique chic préparé par l'hôtel. À moins que l'on décide de randonner entre les parois verticales des gorges de Gubbio. Sans oublier les options escalade ou canyoning.

Le lac Trasimène, petit bijou bien différent des lacs du Nord de l'Italie

Dans cette unique province de l'Italie péninsulaire sans façade maritime, difficile en plein été de résister à l'appel de l'eau. On naviguera alors sur le lac Trasimène, entre ses trois îles (Isola Maggiore, Isola Minore, Isola Polvese), un petit bijou à des années-lumière du décor alpin des lacs au nord. Glisser sur ses eaux tranquilles d'un vert opalin apaise. Sur la ligne des remparts de Castiglione del Lago dominant le lac, on marche suspendu entre ciel et eau, les yeux rivés sur l'horizon aquatique. On se dilue dans cette apesanteur bleutée.

Le soir on retournera à Montone s'attabler à l'enoteca, pour déguster des crus locaux et une huile d'olive or. La journée, les hommes jouent aux cartes à la terrasse du café. Et si finalement c'était ça la vraie vie, s'asseoir au café et jouer aux cartes ? Car au fond le farniente (littéralement « ne rien faire ») n'est-il pas l'activité la mieux adaptée à un été italien ?

Carnet pratique :

Hébergement :
Torre di Moravola, Montone, Ombrie. Ouverture du 1er avril au 15 novembre.

À partir de 260 € la suite. +39 075 946 0965,
Organisation de circuits tous niveaux avec un guide, à pied, à vélo ou à cheval.

Organisation du voyage : 
Vol Paris-Florence avec Air France. Renseignements au 3654,

airfrance.com

Voyage sur mesure en Ombrie avec Italie & Co, spécialiste de l'Italie, 01 78 76 80 15.
Italieandco.fr

Activités organisées par la Torre di Moravola :
Escalade, canyoning au coeur du Parc régional de Gubbio.

Spéléologie dans les grottes de Monte Cucco.

Saut en parapente du Monte Cucco à 1566 mètres.
Voile sur le lac Trasimene.

Événements culturels de l'été :
L'Umbria Film Festival, le festival du film de Montone (cinéma en plein air) sur la place, jusqu'au 14 juillet.
umbriafilmfestival.com
L'Umbria Jazz, festival de jazz de Pérouse, la capitale de l'Ombrie jusqu'au 21 juillet.
umbriajazz.com
 
Les pluies d'étoiles filantes pendant les trois nuits de la San Lorenzo mi-août.
umbriafilmfestival.com

Restauration
Chez tipico, Via Roma 3, Montone.
tipicomontone.it

publié le 16 juillet 2019 à 08h15 mis à jour le 21 novembre 2019 à 14h34
Les commentaires sont soumis à des règles de modération. lire la charte