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Thomas Castaignède : « André Boniface, le Neil Armstrong du rugby »

Thomas Castaignède et André Boniface réunis dans les années 2000. (A. De Martignac/L'Équipe)
Thomas Castaignède et André Boniface réunis dans les années 2000. (A. De Martignac/L'Équipe)

Dès son plus jeune âge à Mont-de-Marsan, Thomas Castaignède a été bercé par les exploits passés d'André Boniface, décédé ce lundi. L'ancien international aux 54 sélections évoque une légende du rugby français qu'il a tant admirée.

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Thomas Castaignède (ancien arrière, centre et ouvreur, 54 sélections)
« On avait l'impression qu'il s'inscrivait dans l'éternité, qu'il nous avait vus arriver et qu'il serait encore là quand on partirait. Une sorte d'immortalité existait autour de lui. C'était un peu le Neil Armstrong du rugby. Il avait une élégance, une façon d'être, un caractère et une façon d'appréhender le rugby. Tout ça faisait qu'il était unique en son genre. Il était adoubé par tout le monde et dans le monde entier. Son nom résonnait. Si on doit être heureux de quelque chose aujourd'hui, c'est qu'il rejoigne son frère (Guy, décédé en 1968). Il n'aurait jamais accepté d'être en difficulté physiquement puisque la mort a été brutale. Hier (dimanche), je crois qu'il regardait encore le match entre Toulouse et le Racing(en Coupe des champions). Le ballon était dans ses yeux encore hier après-midi. Il était encore profondément amoureux du rugby.

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« Il avait aussi son caractère. C'est ce qui a fait sa force. Il ne laissait pas indifférent »

Grâce à mon père, j'ai eu une chance absolument incroyable d'aller dans son magasin, d'acheter mes premiers crampons, mes premiers shorts. C'est comme si j'avais rencontré un Rolling Stone. Quand ce mec-là te donne son amour et te soutient... Le maillot jaune et noir (de Mont-de-Marsan) avait vraiment une signification forte pour lui. Il symbolisait tout ce que l'on aimait. Il était avant-gardiste et il aurait pu traverser les générations. Il était aussi professionnel peut-être avant les autres sur le terrain et en dehors. Il avait aussi son caractère. C'est ce qui a fait sa force. Il ne laissait pas indifférent. »

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« Dédé Boni, je le regardais et j'apprenais ! »

Patrick Nadal, ancien joueur montois

Patrick Nadal (ancien joueur de Mont-de-Marsan) : « Je crois au mimétisme. J'ai appris à jouer au rugby en regardant André jouer, en regardant Jo Maso. J'avais 14-15 ans. Dédé Boni aurait pu faire le décathlon, il avait tout, il allait vite, il était fort, il sautait... Et le plus impressionnant de tout, c'était son élégance. Ca c'est inné, tu l'as ou pas. Je le regardais et j'apprenais. Mais sur le plan purement sportif, athlétique, on était des opposés. Moi j'aimais le rugby comme un esthète, pour le plaisir. Pour lui, c'était bien plus que ça. C'était dans ses gênes, c'était sa vie. André, c'était un pro avant l'heure. Il s'entraînait tous les jours, avait une diététique irréprochable. Moi, j'étais son opposé. Mais on se retrouvait dans le jeu et la passion du jeu. Combien de fois il m'a engueulé à l'entraînement parce que ci, parce que ça, parce que je mangeais trop, parce que je prenais l'apéro. C'était parfois rude mais passionnel, un mélange magique. En moi, il retrouvait un peu son frère Guy qu'il avait perdu, dans la façon d'aimer la vie, de croquer dedans. Il n'y a que moi qui pouvait lui faire boire une petite coupe de champagne ou un Americano. Il se forçait parce que je lui disais qu'il ne trinquait pas avec moi, je partais. On aurait dit des gosses ! Dédé, c'est une grande histoire, un grand moment de ma vie !

On discutait souvent après des matches, on s'appelait. Je suis un passionné mais quand un match ne m'intéresse pas ou ne m'a plu, je laisse tomber, je ne dis rien. Je lui disais « Mais Dédé, le rugby a changé ! Tu sais que tu ne joues plus, hein ? » Lui ne lâchait rien, il était parfois virulent sur le jeu. Il me disait parfois que les centres c'était maintenant des récupérateurs de ballon. Tous les deux, on aimait beaucoup le petit Ntamack. On trouvait qu'il nous rappelait ce qu'on avait été, le rugby qu'on aimait. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi passionné, un tel puriste, un tel perfectionniste ».

publié le 8 avril 2024 à 14h49 mis à jour le 8 avril 2024 à 18h16
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