Après avoir éparpillé sans pitié leurs trois derniers adversaires, la Namibie (57-3), l'Italie (49-3) et le Canada (66-7), les joueurs de l'Afrique du Sud se sont égayés dans la nature japonaise ce mercredi matin. C'est que les Springboks viennent d'en finir avec la phase de poules, un programme dense de quatre matches en dix-sept jours, le plus ramassé du plateau de cette Coupe du monde, et que s'ouvre pour eux une longue plage de onze jours, avant leur quart de finale, qui aura probablement lieu dimanche 20 octobre à Tokyo. Alors, pour occuper ses 31 joueurs, Rassie Erasmus a d'abord décidé de leur offrir deux jours de repos.
« C'est important pour nous, pour notre esprit, d'avoir cette coupure ! », se réjouissait le trois-quarts Warrick Gelant. C'est que les Sud-Africains ont débuté leur préparation pour la Coupe du monde dès juillet, entre camps d'entraînement et matches du Rugby Championship qui les ont menés en Nouvelle-Zélande ou en Argentine. « Seize semaines » de vie commune, a décompté Erasmus mardi soir après le succès contre les Canucks. Ça mérite bien de pouvoir souffler un peu et de penser autre chose que ballon ovale...
Staff et joueurs disséqueront chacun de leur côté les matches de leurs adversaires potentiels
On va donc voir fleurir sur les réseaux sociaux, pour les 48 prochaines heures, les poses touristiques de Spingboks en goguette. « Certains ont leur famille ici, leurs enfants, ça va leur faire du bien, reprend Gelant. Moi, avec quelques amis, je vais faire quelques visites, sans doute à Tokyo.» Mais ces réjouissances vont prendre fin dès vendredi, où tout ce beau doit se retrouver à Kobe. Les Springboks y resteront jusqu'à dimanche, quand ils seront assurés de l'identité de leur adversaire en quart de finale. Trois équipes peuvent encore prétendre à cet honneur : l'Irlande, le Japon et l'Écosse. C'est le sport, avec Irlande-Samoa (samedi) et Japon-Écosse (dimanche), peut-être autant que la météo, avec le puissant typhon Hagibis qui se dirige vers les côtes nippones, qui propulseront ces trois équipes végétales sur la route des Boks.
La question a vite surgi pour Erasmus, mardi soir : préférerait-il le quinze du Trèfle (Irlande), celui des Fleurs Courageuses (les « Brave Blossoms » du Japon) ou le Chardon (Écosse) ? « Question piège !, a-t-il souri. Quoique je dise, ça va me mettre dans le pétrin. Non mais je connais les joueurs irlandais tellement bien (il a été entraîneur au Munster), ils sont si professionnels, dans ces situations, ils savent gérer la pression. Joe Schmidt est un excellent entraîneur. Ils seraient une grande menace pour nous. J'ai dit aussi il y a quelques semaines, quand on a battu le Japon en match de préparation (41-7), qu'il poserait bien plus de problèmes que ce que croient les gens, parce qu'il avait aussi fait de très bons matches avant, notamment contre les Fidji. Les Japonais sont très bien entraînés et en plus, ils auront un énorme soutien des spectateurs. Et l'Écosse a encore de quoi se frayer un passage jusque-là... »
Un premier tour solide
Ce week-end, staff et joueurs regarderont ces matches capitaux pour leur avenir et les disséqueront chacun de leur côté pour confronter leurs analyses et entamer la préparation concrète du quart. « C'est passionnant de regarder ces matches ensemble, s'est enthousiasmé Erasmus, pour chasser toute idée d'un possible ennui dans les jours à venir. Ça va pimenter notre week-end. Et surtout, on ne fera pas la même erreur qu'en 2011, où on s'était focalisés sur l'Irlande, et où on avait retrouvé finalement l'Australie (défaite 9-11). »
À partir de lundi, à Tokyo, l'Afrique du Sud basculera sur une semaine de préparation traditionnelle. Rassurée par un premier tour solide, même si elle espérait mieux de son duel initial contre la Nouvelle-Zélande (23-13). Si les Springboks ont perdu deux joueurs sur blessure depuis le début de la campagne (le pilier Trevor Nyakane et le centre Jesse Kriel), les 31 joueurs seront disponibles pour le quart, a assuré le sélectionneur, incluant le talonneur Schalk Brits, sorti blessé mardi soir contre le Canada.
Le staff sud-ad' a pu bien faire tourner son effectif aussi, chaque joueur a été titularisé au moins une fois. Le pack a montré des garanties, le jeu de ligne demandera sans doute un peu plus de réglages. Mais les Boks le promettent : avant d'affronter le Trèfle, les Brave Blossoms ou le Chardon, ils ne s'endormiront pas sur leurs lauriers.