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Camille Lopez : « Il y avait la place... » face au pays de Galles

Entré en début de seconde période à la place de Romain Ntamack, Camille Lopez a exprimé sa frustration après la défaite face au pays de Galles en quart de finale de la Coupe du monde. Mais le buteur clermontois reste persuadé que l'avenir peut être radieux pour le rugby français.

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« Quel est votre sentiment à l'issue de cette défaite (20-19 face au pays de Galles) ?
On s'était donné le droit d'espérer jouer une demi-finale. On avait fait ce qu'il fallait en première mi-temps (19-10). On n'a pas su conserver cette dynamique. La fin est cruelle. Il y avait la place.

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En voulez-vous à Sébastien Vahaamahina pour son exclusion ?
Non, pas du tout. Ce n'est pas sa faute. C'est un fait de jeu, ça fait partie du rugby. On est quand même dans le match, même à 14, on a aussi des occasions. On aurait pu marquer, on n'a pas su le faire. À la fin ça nous manque. Après, évidemment qu'il s'en veut. Mais en aucun cas le groupe lui en voudra. Mais je suis persuadé qu'on était capable de gagner ce match.

Sébastien a-t-il expliqué son geste ?
Il a pété les plombs ! Point barre !

« Je ne sais pas si on panique mais tout le monde commence à brailler »

Y a-t-il eu des larmes dans le vestiaire ?
Oui... Chacun l'exprime comme il le ressent. Certains ont pleuré, d'autres non. C'est la fin d'une aventure. Pour certains, c'est peut-être la première et la dernière. Personnellement, j'ai beaucoup de déception, mais j'essaie de rester le plus froid possible et de l'encaisser car la vie continue. C'est dur, ça fait mal de s'arrêter en quart de finale. Mais il faut avancer, continuer à travailler. La compétition s'arrête ce soir, mais pas le rugby français.

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Gatland (sélectionneur du pays de Galles) a dit : « la meilleure équipe a perdu... » 
Oui, mais l'important est de gagner. On a été meilleur qu'eux, oui il faut le dire. Ce match, c'est impossible de le perdre. Mais tu le perds encore. C'est énormément de frustration. Il y a des regrets car tu prends deux essais de merde à zéro passe. Alors que nous, on bataille pour marquer de beaux essais. Il y a des regrets... Je ne sais pas si on panique, mais tout le monde commence à brailler. Chacun aurait dû rester dans son rôle pour qu'on continue de mettre ce qu'on avait prévu de mettre en place. On aurait pu faire beaucoup mieux sur la manière d'exploiter nos ballons. On s'est entêté à faire des ballons portés et je ne suis pas sûr que ce soit la solution. Il faut être plus ambitieux.

À la 46e, n'aurait-il pas fallu tenter de prendre trois points plutôt que d'envoyer le ballon en pénaltouche ?
C'est un choix. Si on marque, tout le monde aurait dit que c'était bien joué. On a eu pleins d'occasion de scorer et on n'a pas su le faire. En première période, on aurait pu prendre le large. On a gagné nos duels, c'est ce qui nous a permis de trouver des solutions et des espaces. Mais en seconde période, on s'est un peu restreint en rendant les ballons, en prenant moins de risques. On aurait dû conserver le ballon et être plus patient. J'aurais aussi pu tenter un drop de plus, mais Virimi (Vakatawa) m'appelle. Si Damian (Penaud) attrape l'off-load et marque, c'est fini, on n'en parle plus. Mais je regrette de ne pas l'avoir tapé, on les aurait repoussés à plus d'une marque.

« On apprend dans les défaites, mais ça commence à bien faire »

Que faire pour sortir le rugby de cette période ?
Je ne crois pas que le rugby français soit dans une mauvaise période. J'ai envie de positiver. Je suis persuadé qu'avec ce qu'on a mis en place pendant trois mois et cette jeune génération, pétrie de talent, si tout le groupe adhère au plan de jeu, qu'on est chirurgical, l'avenir de l'équipe de France sera positif. Il y a de bonnes choses qui ont été faites durant cette Coupe du monde, mais il faut aller plus loin. On a du boulot. Si on est plus rigoureux et précis pendant quatre-vingt minutes, ça ira. Les Anglo-saxons sont comme ça. Le haut niveau, c'est de la précision et du détail. Il faut tendre vers ça. Ça va payer.

Comment cela s'apprend ?
On apprend dans les défaites, mais ça commence à bien faire. Il ne faut plus accepter les défaites comme celle-là. On doit être des tueurs ! J'étais persuadé qu'on ne s'arrêterait pas là ce soir. Ce sera donc long à digérer.

On a beaucoup parlé de l'apport de Fabien Galthié, qui sera le futur sélectionneur, qu'a-t-il apporté ?
Oui, il a changé des choses. Mais tous les coaches ont beaucoup amené et ont bien collaboré ensemble. Sur le système offensif, il a amené de la précision et de la clarté. Chacun avait son rôle. C'est là qu'il faut grandir. Chacun doit rester dans son rôle et dans le système mis en place. Comme ça, même quand tu es dans le rouge, tu sais ce que tu dois faire. Là, on est encore laxiste, on a quelqu'un qui n'est pas au bon endroit. Ce sont des détails, mais le moindre grain de sable enraille tout. Défensivement aussi, on avait un nouveau système qui montait fort. On n'a jamais été trop embêté. On a surtout pris des essais de merde.

L'écart n'est-il pas trop grand ?
Non, je ne pense pas. Mais c'est surtout qu'après trois mois de vie commune, on ne peut pas accepter qu'un mec se trompe et ne sache pas son rôle. Après, sur le terrain, c'est plus dur. Mais à l'entraînement, ça doit être chirurgical. C'est là qu'il faut monter le curseur. Regardez les Anglais. En fin de match, ils mènent largement et pourtant, ils envoient un coup de pied dans l'angle et trouvent une touche à cinq mètres. C'est simple. Nous, je suis prêt à mettre ma main à couper que le même ballon, on le joue, on se fait plaisir, on est content. Les autres restent dans leur système. Mais je suis persuadé qu'on est capable de le faire.

Êtes-vous confiant pour la suite ?
Oui, on a des joueurs qui ont démontré qu'ils avaient de la qualité. Romain Ntamack a montré par exemple qu'il était un grand joueur. J'ai apprécié jouer à ses côtés. Quand vous voyez des joueurs comme ça, comme Damian (Penaud) aussi ou Pierre-Louis (Barasi), il y a du talent. Faisons-les jouer et donnons-leur confiance, même s'ils perdent des matches. On aura des résultats à court terme et encore plus dans quatre ans ! »

publié le 20 octobre 2019 à 16h01 mis à jour le 20 octobre 2019 à 16h08
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