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C'est quoi le rugby chez toi ?  « Le sport du peuple » pour le troisième-ligne samoan Piula Fa'asalele

Piula Fa'asalele a disputé sa première Coupe du monde sous les couleurs samoanes. (F. Lancelot/L'Équipe)
Piula Fa'asalele a disputé sa première Coupe du monde sous les couleurs samoanes. (F. Lancelot/L'Équipe)

Troisième-ligne de Perpignan et des Samoa, Piula Fa'asalele présente le rugby de son pays : ce qu'il représente, comment il se joue et les habitudes de sa sélection, qui joue son dernier match du Mondial samedi face à l'Irlande (12h45 heure française).

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« Le rugby samoan en un mot ?

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Le sport du peuple. Le rugby, aux Samoa, c'est une culture. Quand l'équipe nationale joue le dimanche - cela arrive tout le temps lors des tournées d'automne, avec le décalage horaire -, la messe est décalée pour que tout le monde puisse regarder le match. L'équipe nationale, Manu Samoa, est celle du peuple. Avant la Coupe du monde 2015, quand on a eu des difficultés financières, les gens ont fait une collecte, ont donné de leur poche pour qu'on puisse partir en stage. Chez nous, la famille est très importante, tout le monde parle de sa généalogie et comme les Samoa sont un pays minuscule, en remontant un peu, chacun peut se trouver des liens de parenté avec les joueurs.

Le match le plus célèbre ?

La victoire contre le Pays de Galles lors de la Coupe du monde 1991 (16-13). Un petit pays, que très peu de gens connaissaient, avait créé l'exploit. C'était historique. Jusque-là, jamais une grosse nation du rugby n'avait perdu contre une toute petite équipe. Je ne me souviens pas du match, je n'avais que trois ans mais j'ai grandi avec cette histoire. J'ai toujours entendu parler de cette rencontre. C'est notre référence à tous, on joue au rugby pour rééditer un exploit de ce genre.

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Le joueur emblématique ?

Brian Lima. Il a disputé cinq Coupes du monde, un record * ! En 1991, c'était le plus jeune joueur de la compétition. Moi, je me souviens de son match contre l'Afrique du Sud, en 2003, de son plaquage sur Hougaard (le demi d'ouverture). Ce mec, c'était un guerrier et, même si on a eu plein de bons joueurs, je pense que c'est lui la référence, à cause de sa longévité. Et de la façon dont il défendait.

Polyvalent sur les lignes arrières, Brian Lima (ici lors de la Coupe du monde 1995) est considéré comme l'un des meilleurs joueurs samoans de l'histoire. (D. Fevre/L'Équipe)
Polyvalent sur les lignes arrières, Brian Lima (ici lors de la Coupe du monde 1995) est considéré comme l'un des meilleurs joueurs samoans de l'histoire. (D. Fevre/L'Équipe)

La première consigne que l'on reçoit ?

Profitez, lâchez le ballon, amusez-vous ! Le mot d'ordre, c'est le plaisir. Le rugby chez nous est un moment de joie, de liberté pour les enfants. Dès qu'ils peuvent, ils filent pieds nus, sur la plage, et ils se passent des noix de coco parce qu'il y a très peu de ballons. Tous les joueurs samoans racontent la même histoire, celle de leur père qui leur interdit d'aller jouer au rugby en sortant de l'école tant qu'ils n'ont pas fait leurs devoirs. On punit souvent les enfants en les privant de ce qui leur fait plaisir : chez nous, c'est le rugby.

Une troisième mi-temps, c'est comment ?

L'idée, c'est de rester tous ensemble. Après les matches, on rentre dans notre hôtel et on se met dans une salle ou une grande chambre, en cercle. On chante, on joue de la guitare en buvant des bières et on se parle. Dans ces moments-là, on parle beaucoup, pas seulement de rugby, mais de notre vie, de notre famille. La troisième mi-temps samoane, je dirais que c'est un cercle et des rires.

La chanson de l'équipe ?

On en a plein ! Déjà, il y a tous les chants d'église. Nous sommes un peuple très croyant et on chante beaucoup pour remercier Dieu, avant les matches, après les matches, les entraînements. On a aussi nos chants traditionnels, un peu comme les Basques ont les leurs. Il y a tout un répertoire qu'on connaît depuis qu'on est enfant.

Le jeu auquel on joue pour passer le temps ?

Le Suipi. Ça se joue avec un jeu de 52 cartes, classique. On joue à quatre, deux équipes de deux. Il faut marquer le plus de points possible et capturer les cartes adverses en criant ''Suipi !'' »

* Trois autres joueurs, les Italiens Mauro Bergamasco et Sergio Parisse, et le Roumain Ovidiu Tonita, ont participé à cinq Coupes du monde.

publié le 11 octobre 2019 à 13h30 mis à jour le 11 octobre 2019 à 13h45
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