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David Castera : l'Arabie Saoudite est « un terrain d'expression fabuleux » pour le Dakar

Le Dakar va offrir de nouveaux décors à ses concurrents. (ASO)
Le Dakar va offrir de nouveaux décors à ses concurrents. (ASO)

David Castera, nouveau directeur du Dakar, explique les raisons qui ont amené l'épreuve à quitter l'Amérique du Sud pour l'Arabie Saoudite dès janvier 2020, et pour cinq ans.

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Dix ans après sa délocalisation en Amérique du Sud (2009) pour cause de menaces terroristes, l'épreuve reine du rallye-raid, lancée en Afrique par Thierry Sabine fin 1978 début 1979, connaît une nouvelle mutation. Les cinq prochaines éditions se dérouleront en Arabie Saoudite, avec l'objectif d'aller explorer, à partir de 2021, des pays voisins comme Oman, la Jordanie, l'Égypte. Directeur de Dakar, David Castera revient sur ce choix qui ouvre un « nouveau chapitre dans l'histoire de l'épreuve » et offre « un terrain d'expression fabuleux. »

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« L'hypothèse de l'Arabie Saoudite circulait depuis plusieurs semaines. Désormais, c'est officiel.
Effectivement, je confirme que le Dakar 2020 se courra en janvier au Moyen-Orient et plus précisément en Arabie Saoudite. C'est pour nous l'ouverture d'un nouveau chapitre. Il y en a déjà eu deux dans l'histoire de l'épreuve, le premier en Afrique, de 1979 à 2007, et le deuxième en Amérique du sud, de 2009 à 2019 (annulation en 2008 pour cause de menaces terroristes en Afrique). Le Dakar va découvrir un nouveau continent. Il y a en Arabie Saoudite un désert immense, quatre fois grand comme la France. Il y a largement la matière pour concevoir un parcours exceptionnel.

« On va offrir aux acteurs du rallye-raid des nouveaux paysages, une nouvelle aventure entre la mer Rouge et le golfe Persique »

L'accord porte sur plusieurs années...
On part sur un accord de cinq ans, oui. Ce qui offre une visibilité extraordinaire pour tout le monde. Plutôt que de repartir quasiment de zéro comme ces dernières années en Amérique du Sud, cette visibilité va me permettre de me libérer l'esprit et d'avoir plus de temps pour me consacrer au sport et à l'essence même du rallye-raid.

Comment se sont nouées les relations avec l'Arabie Saoudite ?
Le lien s'est fait de fil en aiguille, par les contacts que la direction d'ASO (Amaury Sport Organisation) a avec des pays comme Oman où nous organisons une épreuve cycliste (Tour d'Oman). Ils sont venus frapper à notre porte. C'est un pays qui veut s'ouvrir à travers le sport. Le Dakar leur a semblé être un bon vecteur d'ouverture car il rassemble des hommes et des femmes de différentes nationalités.

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Après onze éditions en Amérique du sud, et une dernière exclusivement au Pérou (après les désengagements du Chili et de la Bolivie), était-il temps de changer d'horizon ?
Le Dakar est une épreuve nomade. Aller en Arabie Saoudite représentait une vraie opportunité et c'était le moment de tourner une page. On va offrir aux acteurs du rallye-raid des nouveaux paysages, une nouvelle aventure entre la mer Rouge et le golfe Persique. Je suis parti là-bas une semaine fin mars. Le désert est immense, il y a des milliers de vallées à explorer, des zones de montagne. Je me projette déjà et je me réjouis de ce qu'on va pouvoir imaginer en termes de navigation. L'idée étant également, après une première édition 100 % en Arabie Saoudite, d'aller explorer les pays de la région comme Oman, la Jordanie, Abu Dhabi, l'Égypte.

« Tout le monde sera le bienvenu. Nous avons obtenu des garanties. Le Dakar ira de bivouac en bivouac, comme d'habitude »

Certains concurrents commençaient par ailleurs à émettre des réserves sur l'Amérique du sud.
On a vécu des Dakar incroyables en Amérique du Sud et découvert des pays magnifiques. Mais les déserts ne sont pas aussi grands qu'en Afrique où au Moyen-Orient. Je peux comprendre que certains ont le sentiment d'avoir fait le tour de la question en Amérique du Sud.

David Castera (à gauche) était sur les pistes du Dakar 2017 comme concurrent aux cotés de Cyril Despres. (F. Mons/L'Equipe)
David Castera (à gauche) était sur les pistes du Dakar 2017 comme concurrent aux cotés de Cyril Despres. (F. Mons/L'Equipe)

Comment réagissent les acteurs de la discipline à ce choix ?
Globalement, les gens sont plutôt contents et satisfaits. Beaucoup de pilotes ont concouru là-bas sur des épreuves locales. Les sportifs sont concentrés sur leur métier. Ils savent qu'ils vont avoir un terrain d'expression fabuleux, à l'image de l'Empty quarter (le Rub al Khali, la plus grande étendue ininterrompue de sable au monde). On va quasiment faire le tour de l'Arabie Saoudite en empruntant une diversité de terrains incroyable.

Depuis sa création, le Dakar fait régulièrement l'objet de critiques de la part de ses détracteurs. Craignez-vous des réactions encore plus importantes à ce choix de l'Arabie Saoudite ?
On sait que ça nous expose à de nouvelles critiques, mais nous ne sommes pas les premiers à venir en Arabie Saoudite et on ne fait pas de politique. Il y a eu la Formule E en décembre dernier, une épreuve de l'European Tour de golf fin janvier-début février, et en novembre prochain, il y aura la finale du Championnat du monde Red Bull Air Race.

La caravane du Dakar, c'est quelque deux mille cinq cents personnes aux moeurs différentes de celles de l'Arabie Saoudite. Ne risque-t-il pas d'y avoir des problèmes de cohabitation ?
Tout le monde sera le bienvenu. Nous avons obtenu des garanties. Le Dakar ira de bivouac en bivouac, comme d'habitude. Les femmes pourront exercer pleinement leur métier, qu'elles soient pilotes, copilotes, membres de l'organisation ou d'un team. Elles devront simplement porter un pantalon long et un tee-shirt afin de respecter les coutumes du pays.

D'autres pistes étaient à l'étude semble-t-il, notamment l'Afrique du Sud. Où en étiez-vous ?
Il y avait l'Afrique du Sud, au sens large, avec le Botswana et la Namibie, des pays avec lesquels on avait des contacts importants. Ça avançait, mais l'opportunité saoudienne s'est concrétisée plus vite, avec sa visibilité sur cinq ans et ses déserts et ses vallées extraordinaires. »

publié le 15 avril 2019 à 15h12 mis à jour le 15 avril 2019 à 15h15
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