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Jacques Vendroux : « Eugène Saccomano était un grand nom de la radio »

Jacques Vendroux a fait une grande partie de sa carrière en même temps qu'Eugène Saccomano. (A. Mounic/L'Équipe)
Jacques Vendroux a fait une grande partie de sa carrière en même temps qu'Eugène Saccomano. (A. Mounic/L'Équipe)

Pour Jacques Vendroux, journaliste sur Radio France et CNews, Eugène Saccomano, décédé lundi à 83 ans, était un précurseur et un personnage exceptionnel.

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« Quand on pense à Eugène Saccomano, on se souvient d'abord d'un style inimitable. Est-ce qu'il y avait une part de jeu dans cette façon théâtrale de commenter ?
C'était un merveilleux comédien. À la radio, on peut toujours dire que l'arrêt d'un gardien c'est le plus bel arrêt du monde. On est un peu obligés d'ailleurs, pour que l'auditeur reste avec nous. Il a été élevé avec de grands commentateurs de football, comme Guy Kédia (ancien journaliste de RTL et RMC) ou Fernand Choisel (l'ancien directeur du service des sports d'Europe 1). On a eu la chance d'avoir connu une génération exceptionnelle. Eugène Saccomano, c'était d'abord une voix, comme il y a eu Étienne Mougeotte ou Robert Namias (anciens d'Europe 1 notamment). Il fait partie de l'ADN d'Europe 1. C'était un personnage et un grand nom de la radio. Tout le monde fait ça aujourd'hui, mais il a été précurseur de l'association entre télévision et radio, avec On refait le match. Il l'a fait sur RTL, sur LCI, sur L'Équipe Télé (La Chaîne L'Équipe) et ITélé (Cnews).

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Quelles étaient vos relations, alors que vous apparteniez à des radios concurrentes, lui travaillant à Europe 1 (de 1960 à 2001), vous à Radio France ?
C'est vrai qu'on essayait de se battre sur des informations exclusives. Quand il annonçait une information exclusive Europe 1, il était content de me niquer si je puis dire. Comme moi j'étais content de le faire. Mais on a fait ça propre, on s'allumait mais il y avait toujours du respect. D'ailleurs à chaque fois que je l'appelais pour lui demander d'annoncer un match du Variétés Club de France, il le faisait. On a commenté la grande équipe de Saint-Etienne, le Championnat d'Europe 84, la Coupe du monde 1986..., on a fait, entre guillemets, un peu la même carrière. Il a débuté un peu plus tard que moi et quand il est arrivé il nous a fait marrer tout de suite, c'était un personnage incroyable.

Avant de devenir journaliste sportif, Eugène Saccomano avait eu un parcours peu banal...
Le détonateur, c'est qu'il a d'abord été « tourneur », ça a été son premier métier. Il faisait tourner les artistes dans le sud de la France pendant l'été : Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, toutes les vedettes de l'époque. Il était associé avec Bernard Genestar, qui est devenu après l'agent de Michel Platini et je crois que c'est Eugène qui lui a présenté Michel. C'était un mec plein de talent. ll n'y avait pas que le foot pour lui. il était aussi écrivain. Il avait écrit un bouquin formidable, Bandits à Marseille (en 1959), et Jacques Deray lui avait acheté les droits pour faire le film Borsalino (en 1970, avec Alain Delon et Jean-Paul Belmondo). Avec Dominique Grimault et Pierre-Louis Basse (anciens journalistes d'Europe 1), on est allés le voir hier matin. On savait que c'était la fin. On l'a embrassé et on est partis. C'était un personnage exceptionnel. »

publié le 7 octobre 2019 à 21h58 mis à jour le 7 octobre 2019 à 22h33
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