La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra était allée jusqu'à glisser un petit mot sympa, mardi soir, dans un discours lors du gala de l'UJSF (Union des journalistes de sport en France). L'ex-perchiste et néo-skippeur, Jean Galfione, avait été débarqué du trimaran Banque Populaire qui amènera la flamme aux Antilles (comme révélé dans L'Équipe), « mais on travaille à une solution ». À défaut de Brest-Pointe à Pitre sur le parcours version aquatique du parcours de la torche, ça pouvait être Marseille-Brest en convoyage. Jean Galfione a décliné. « Je suis passé à autre chose, nous détaille-t-il,Banque Populaire a fait ses choix, je les respecte, ils ont beaucoup fait pour le sport, même si je suis déçu. »
Voilà plusieurs mois, Armel Le Cléac'h, le skippeur du trimaran géant - dont il n'est pas propriétaire - avait adoubé Galfione, reconverti voileux, plusieurs fois engagé sur la Route du Rhum, comme équipier de luxe pour une traversée épique d'une dizaine de jours entre la métropole et l'outre-mer. Mais les candidats, pas que des sportifs, se bousculaient sur les quais. Marie-José Pérec tenait beaucoup à débarquer sur son île natale, torche à la main, quitte à s'infliger une inconfortable transat. Les champions olympiques d'Atlanta ne faisaient pas le match.
« Je ne comprends toujours pas, mais parfois, qu'on trouve une chose injuste ou pas, il faut avancer, c'est anecdotique par rapport à ce qu'on va vivre grâce à ces Jeux. »
Jean Galfione
Ils pensaient qu'il y aurait de la place pour tous leurs titres. Mais une commission réunie sous l'égide de Banque Populaire a souhaité affiner le casting, l'étendant à l'écrivain Erik Orsenna et à des non-sportifs. Les places ne sont pas illimitées sur un multicoque de course qui tourne à cinq ou six équipiers sur un tour du monde. Exit donc Galfione, d'habitude si policé, qui avait peu apprécié la manière, et refusé ce que Thierry Bouvard, l'inamovible patron de la com' des banquiers, avait présenté comme un honneur et non un lot de consolation : porter la flamme, lors d'un relais, quelque part dans l'Hexagone. S'en était suivi à la fois de la colère, à la fois de gêne. Armel Le Cléac'h s'était senti en difficulté.
Marie-José Pérec avait échangé avec Jean Galfione pour lui dire qu'en aucun cas elle n'avait voulu lui prendre sa place. Et Amélie Oudéa-Castéra avait donc travaillé à une solution. « J'ai pris du recul, ajoute Jean Galfione, les Jeux c'est une fête, il ne faut pas que ce soit gâché par du négatif, chacun veut participer à sa façon, ce n'est pas toujours compatible, je ne comprends toujours pas, mais parfois, qu'on trouve une chose injuste ou pas, il faut avancer, c'est anecdotique par rapport à ce qu'on va vivre grâce à ces Jeux. » Il ne fera donc pas de bateau avant les JO, mais devrait être derrière un micro durant la compétition. Une autre façon de traverser l'événement.