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Santé : moins de 10 000 pas, mais avec plus de peps ?

Pour renforcer ses muscles, on doit ressentir la sensation de difficulté pendant l'effort (A.Réau/Presse Sports)
Pour renforcer ses muscles, on doit ressentir la sensation de difficulté pendant l'effort (A.Réau/Presse Sports)

Faire moins de pas avec plus de dynamisme pourrait être plus efficace que compter 10 000 pas par jour.

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Tout un business a été bâti sur les 10 000 pas par jour pour être en bonne santé. De nombreuses montres de sport permettent de compter ses pas. Mais d'où sort ce chiffre ? Convient-il réellement à tout le monde ?

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Selon Olivier Giron, kinésithérapeute du sport à Kiné sport santé Paris 14, le pas est une bonne unité de mesure. « Il est facilement calculable par tout le monde, explique-t-il. Le nombre, par contre, n'est pas adapté à chaque personne. »

« Les gens devraient plutôt se baser sur des critères physiques ou de sensation au lieu de systématiquement se fixer l'objectif des 10 000 pas », poursuit le spécialiste.

Les 10 000 pas n'ont jamais été basés sur une étude scientifique

Ce chiffre proviendrait d'une campagne publicitaire japonaise des années 1960. Afin de profiter de la popularité des Jeux Olympiques de Tokyo en 1964, l'entreprise Yamasa a créé le premier compteur de pas portable. Celui-ci a été nommé « manpo-kei », qui veut dire « compteur des 10 000 ».

Affiche publicitaire pour le compteur manpo-kei (scmp.com)
Affiche publicitaire pour le compteur manpo-kei (scmp.com)
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« Même s'il s'agit de marketing, inciter les gens à bouger est une bonne chose, affirme Olivier Giron. Cela dit, il faut prendre en compte les minorités pour lesquelles faire 10 000 pas par jour peut être risqué. »

Le nombre de pas aurait été choisi sans preuves scientifiques. Suivant la mise sur le marché du compteur, des chercheurs de Université de la Santé de Kyushu ont enquêté sur les effets des 10 000 pas sur la santé. Ils ont conclu qu'en moyenne, le Japonais faisait entre 3 500 et 5 000 pas par jour et que s'il passait à 10 000, il pourrait réduire son risque de maladies coronariennes.

L'intensité de l'effort serait plus importante que le nombre de pas

De nombreuses autres études ont aussi été menées sur le sujet, notamment par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et Public Health England (PHE), une agence exécutive du ministère de la Santé au Royaume-Uni. Les chercheurs ont comparé la différence entre les calories brûlées, la tension artérielle et le taux glycémique entre les personnes faisant 10 000 pas et les personnes qui en faisaient entre 3 500 et 5 000.

Suivant leur étude de juin 2018, les chercheurs de PHE encouragent l'activité à intensité modérée pour une meilleure forme physique. Se concentrer sur l'effort aurait plus d'impact que la distance parcourue ou le nombre de pas. En fonction de l'âge, du sexe, de la santé ainsi que d'autres facteurs, 10 000 pas représente un effort physique totalement différent en fonction de chacun.

L'effort physique modéré veut dire que le rythme cardiaque augmente et que la respiration s'accélère. Selon PHE, 150 minutes par semaine de ce type d'effort réduisent le risque de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et de certains cancers. 10 minutes de marche dynamique chaque jour peuvent permettre d'atteindre cet objectif.

PHE a également lancé l'application « Active 10 » pour encourager les 10 minutes de marche active quotidienne préconisées.

Un objectif dangereux pour certains

« Il y a des minorités plus difficiles à mettre en activité, explique Olivier Giron. Avec trop d'activité, ces personnes pourraient souffrir de douleurs articulaires ou tendineuses ».

Le Journal of the American Medical Association (JAMA), une revue médicale internationale publiée chaque semaine aux États-Unis, a publié une étude fin mai 2019 démontrant qu'il pouvait être dangereux chez les femmes âgées.

Les 10 000 pas seraient liés au risque de mortalité prématuré pour les femmes de plus de 60 ans. Pour cette étude, la marche de 17 000 femmes entre 62 et 101 ans a été observée, ainsi que leur alimentation et leur mode de vie pendant quatre ans. Durant cette période, 504 femmes sont décédées.

L'étude a démontré que le nombre de pas était fortement associé à la mortalité. Les femmes faisant 4 400 pas par jour avaient 41 % de risques de mort prématurée en moins que les femmes très peu actives, à 2 700 pas par jour. À plus de 7 500 pas, les bienfaits de la marche chez ces femmes commençaient déjà à plafonner.

« Pour déterminer un objectif de nombre de pas adapté, on peut se baser sur les sensations », explique ce kinésithérapeute. Pas d'inquiétude si votre objectif n'est pas de 10 000 pas. Le plus important est d'avoir fourni un effort dynamique qui représente un challenge pour son corps.

« Il faut arriver à un nombre auquel on ressent une certaine difficulté, sans avoir dépassé la limite d'en avoir trop fait. Ainsi, le corps continue à progresser et à se développer », conclut Olivier Giron.

publié le 11 juin 2019 à 19h03
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