L'influence de Sergio Garcia n'est pas un secret de polichinelle. Vainqueur du Masters 2017, 15 fois sacré sur le Tour en 288 tournois et vingt ans de carrière, le natif de Borriol est un joueur écouté et respecté du circuit européen. Assez pour installer « son » Andalucia Masters à une date occupée par depuis 16 ans par l'Open de France, plus vieil open continental (1906) et inscrit au calendrier depuis l'ouverture du Tour en 1972 ? « Je remercie énormément Valderrama, l'Andalousie et Estrella Damm pour leurs efforts » s'est contenté de glisser l'Espagnol lors de sa conférence de presse pré-tournoi, dont la fondation Garcia est partenaire privilégié. « Ce sont des questions internes, tranche le Français Adrien Saddier. On ne sait pas trop pourquoi ça a changé de date. On sait juste que (Sergio) Garcia a poussé pour avoir cette semaine-là. »
La principale raison de ce changement de date semble économique. La fondation de Sergio Garcia a déniché un sponsor-titre avec Estrella Damm, marque de bière barcelonaise, pendant que l'open de France reste convalescent du départ du groupe chinois HNA au beau milieu de la dernière édition, à un an du terme du contrat. Le deal des brasseurs ibères porte lui sur cinq ans, avec un prize money assuré à 3 millions d'euros contre 1 million l'an passé, appuyé par la région d'Andalousie. Le tournoi tricolore, organisé par le Tour européen, devrait lui plafonner aux alentours d'1,5 millions. « J'ai un petit pincement au coeur pour notre Open, même si j'étais persuadé que cette ancienne date n'était pas la bonne, tempère Benjamin Hébert. Il était impensable de faire venir des gros joueurs en étant placés avant deux Rolex Series et un British Open. Sauf que cette date fin octobre n'est pas bonne non plus... »
Date à prendre
Avec une météo souvent délicate à cette période de l'année, le nouveau positionnement du tournoi hexagonal pourrait décourager les visiteurs, dont les VIP et autres partenaires qui avaient pris l'habitude d'inviter leurs clients en début d'été. « Ça va être un peu galère pour nous et pour les spectateurs, appuie Adrien Saddier. Après, j'ai quand même hâte de le jouer, ça reste notre Open. Qu'on le gagne en Rolex Series ou en tournoi classique, le trophée reste le même, c'est notre tournoi. » Même raisonnement pour Victor Perez, peu affecté par ce changement de date : « J'ai disputé mon premier Open de France l'année dernière, donc je n'ai pas l'habitude de le jouer fin juin. Pour quelqu'un comme Raph' (Jacquelin), qui est ici depuis 20 ans, oui ça doit lui faire bizarre. Il doit avoir plus tendance à être à Paris cette semaine qu'à Malaga. Mais pour moi, ça ne change pas grand chose. »
Désormais avant-dernier tournoi de la saison régulière européenne (du 17 au 20 octobre), l'ODF pourra se satisfaire d'être incontournable pour les joueurs en manque de points à la Race, qui viendront à Saint-Quentin-en-Yvelines pour sauver leur carte. « Le Golf National est l'un des parcours les plus challenging de l'année, ce n'est quand même pas n'importe quel tracé, assure Benjamin Hébert. J'aurais bien vu l'Open de France juste avant Wentworth (19-22 septembre), par exemple. D'autant que l'on a souvent des beaux étés indiens en France. » Pour l'heure dénué de sponsor-titre -la société de gestion d'actifs Amundi devrait être officialisée dans les prochains jours- et de gages sur son avenir financier, l'Open se dirige plus vers un automne breton.