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Esport - Fortnite : « Si je ne suis pas premier, ça ne me va pas »

Clément « Skite » Danglot, meilleur joueur français lors de la Coupe du monde de Fortnite. ( - ) Clement 'Cloumzy' Cellier LeStream
Clément « Skite » Danglot, meilleur joueur français lors de la Coupe du monde de Fortnite. ( - ) Clement 'Cloumzy' Cellier LeStream

Trois semaines après la Coupe du monde de Fortnite à New York, la compétition reprend ce week-end avec la première édition des Fortnite Champions Series. L'occasion d'échanger avec Clément « Skite » Danglot (LeStream Esports), meilleur Français aux États-Unis, sur ses Mondiaux et la suite des événements.

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-Il n'a pas pris de vacances. Et n'a pas vraiment eu l'impression d'en avoir besoin. Dixième en duo, septième en solo il y a trois semaines lors de la première édition de la Coupe du monde de Fortnite, Clément « Skite » Danglot (LeStream Esports) a obtenu les meilleurs résultats français à New York. Loin de s'en contenter, il revient à tête reposée sur sa compétition, quelques heures avant le lancement des Fortnite Champion Series ce samedi, nouveau circuit organisé par Epic Games.

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« Vous avez obtenu les meilleurs résultats français mais vous sembliez déçu après la Coupe du monde...
Je suis un compétiteur. Si je ne suis pas premier, ça ne me va pas. Il y a des trucs que je pouvais mieux faire et ça m'énervait d'avoir fait des erreurs dans un moment aussi important. À tel moment, au lieu de prendre tel chemin j'aurais dû en prendre un autre parce qu'il était plus sûr par exemple...

C'était champion du monde ou rien dans votre tête ?
En solo oui. Peut-être pas en duo, mais en solo oui. Les gens ne se rendent pas compte : certains sont contents avec leur argent, moi franchement... Je préférerais être champion du monde sans rien gagner que l'inverse. J'ai cette mentalité, c'est comme ça. Je veux juste être le meilleur. Après je ne dis pas que je ne pense pas du tout à l'argent hein ! Mais entre le titre et ça... Si, là, dans ma situation, avec ce que j'ai déjà gagné sur Fortnite, on me donnait le choix entre récupérer 10 millions ou le titre, je prendrais le titre. Il suffit de regarder Bugha (Kyle Giersdorf, l'Américain champion du monde en solo). Aujourd'hui il streame devant 30 000 personnes en moyenne, il a multiplié ses abonnés sur Twitch, Twitter... Il a peut-être remporté trois millions de dollars en solo mais il va gagner bien plus avec sa nouvelle notoriété. Il se met bien le petit...

637 500
C'est, en dollars, le prize money remporté par Skite à New York, tournois en solo et duo confondus
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Il est vraiment plus fort que les autres aujourd'hui ?
Oui, je pense. Mais le plus dur reste à venir pour lui. C'est bien d'être le meilleur, mais c'est plus compliqué de le rester. Parce que tout le monde va s'inspirer de lui, de son style agressif. Et certains vont peut-être le surpasser.

Le chemin vers la Coupe du monde n'a pas été tranquille pour vous. Vous avez obtenu vos billets en solo comme en duo au dernier moment...
Il faut savoir que, mi-mars, je me suis blessé au poignet. C'est arrivé d'un coup, quasiment du jour au lendemain, peu après les IEM Katowice où on avait fait une bonne performance (5e en solo, 6e en duo avec son binôme Pierre « Vato » Mesey). Je revenais de Paris, j'ai commencé à ressentir une gêne dans le train, je pensais que c'était seulement un faux mouvement. J'arrive chez moi, je commence à jouer et là ça devient une grosse douleur. J'arrête, j'attends le lendemain, mais rien n'a changé. J'ai prévenu ma mère, on est allé voir le médecin qui m'a diagnostiqué une tendinite. Entre mi-mars et mi-avril, quand les qualifications pour la Coupe du monde ont commencé, j'avais quatre ou cinq séances de kiné par semaine et je n'ai pas ouvert le jeu une seule fois. Je jouais à Hearthstone à la place...

Il y a un moment pendant les qualifications où vous vous êtes dit que vous n'iriez pas à New York ?
Plusieurs même. Je ne pouvais pas m'entraîner... Les quatre premières semaines c'était une galère parce que j'avais mal. Je me suis dit que je n'y arriverais pas, oui. Puis on a fait un bon résultat avec Vato (Top 10, la sixième semaine). Ça m'a remotivé. Et l'avant-dernier week-end en duo on refait Top 10. Là, pour moi, c'était terminé. On venait de manquer notre chance et on n'allait pas se qualifier. Finalement je suis resté concentré, j'ai obtenu mon ticket en solo, puis on est passé en duo. Un petit miracle... Mais pendant un moment j'ai même cru que ma carrière était terminée à cause de mon poignet. À New York ça a été. Aujourd'hui, si je joue trop longtemps je commence à avoir mal, mais je supporte bien 5-6 heures d'entraînement par jour.

Ça a joué sur vos résultats à la Coupe du monde ?
En fait... (il hésite) C'est mon point de vue, les gens ne seront pas forcément d'accord, mais je pense que j'avais un peu d'avance. J'étais dans le top avant ma blessure. Elle m'a beaucoup ralenti et j'ai perdu cette avance. Si je l'avais gardée, j'aurais probablement pu me qualifier plus tôt. Je n'aurais sans doute pas eu à retrouver toutes mes mécaniques après presque quatre semaines d'interruption. J'aurais peut-être pu travailler sur d'autres choses à la place et devenir plus fort. Ce qui est sûr, c'est que ça m'a fait perdre du temps.

Comment ça s'est passé avec votre coéquipier ?
Je lui ai suggéré d'aller jouer avec quelqu'un d'autre. Mais il n'a jamais pensé à le faire.

Pourquoi ?
Je pense qu'il se sentait en partie... redevable, envers moi, pour les résultats qu'on a obtenus ensemble.

Comment jugez-vous les conditions de jeu de la Coupe du monde ? Beaucoup de joueurs s'en sont plaints (lags, déconnexions, problème de casque entre autres).
Avec Vato notre style de jeu ne s'appuie pas sur les bulles (un moyen de déplacement rapide, difficile à détruire et capable de casser les murs). En solo je joue sans également. On n'est pas loin de mépriser cela, vraiment. Nous, on s'est beaucoup entraîné, peut-être pas jour et nuit mais presque, sur un jeu qu'on s'attendait à voir à la Coupe du monde. On se disait qu'il n'y aurait pas de problème, qu'Epic nous fournirait les meilleurs serveurs.... La Coupe du monde quoi ! Puis tu arrives dans le lobby, tu mets un coup de pioche et là tu dois attendre deux secondes pour voir le résultat... La première partie, on est dans notre box avec Vato et d'un coup il meurt devant moi. Comme ça, sans explication. Je tente de le réanimer et je prends une balle. Cinq secondes après un de nos murs se casse. Là on a compris que ça serait injouable et qu'il fallait s'appuyer sur les bulles. Qu'on n'arriverait à rien en jouant comme à l'entraînement dans cette situation. Alors on s'est adaptés.

Vous avez souvent dû vous débrouiller sans Vato en duo, mais le plus frustrant finalement c'est d'avoir dû jouer à un jeu différent de celui que vous connaissez ?
Pour moi sans les lags, ce n'est pas le même duo qui gagne. Bugha je pense qu'il aurait quand même été champion du monde. En duo, ça aurait été différent. Même s'ils sont bons hein. Mais ça se joue beaucoup plus à la chance.

Vous en avez parlé avec des gens d'Epic Games ?
On tweete, on en parle aux responsables français, mais ils ne peuvent rien faire. Peut-être qu'ils s'en foutent et préfèrent juste mettre des robots dans le jeu... On joue sur un jeu de casuals (grand public) alors qu'ils mettent des moyens énormes pour les pros. Par moments c'est dur à comprendre.

La compétition reprend samedi avec la trio (qu'il jouera avec les joueurs de Solary, Duong « Kinstaar » Huynh et Corentin « Hunter » Tardif), qu'en pensez-vous ?
Peu de joueurs apprécient. Ça ressemble trop à la squad (à 4). C'était bien, mais plus à notre niveau actuel. On a tellement évolué... Après, on s'adapte ! »

publié le 17 août 2019 à 09h00
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