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Esport - Counter-Strike : « ZywOo, jouer devant 15 000 personnes, il s'en fout »

Dan « apEx » Madesclaire et Vitality ont atteint la finale de l'ESL One Cologne. ( - ) Helena Kristiansson ESL
Dan « apEx » Madesclaire et Vitality ont atteint la finale de l'ESL One Cologne. ( - ) Helena Kristiansson ESL

Quelques jours après la défaite de Vitality en finale de l'ESL One Cologne sur Counter-Strike, Dan « apEX » Madesclaire revient sur le parcours de son équipe, sa déception liée au résultat et les prochaines échéances de sa formation.

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« Malgré la bonne performance, il y a un goût d'inachevé ? 
Ce qui est dur c'est qu'on n'a pas joué à notre niveau en finale. On fait un bon parcours, en montant en puissance, on élimine des équipes du Top 5 mondial sans avoir eu une énorme préparation... Une semaine d'entraînement c'est peu pour renouveler le jeu, éliminer les erreurs. Mais ça fait mal, surtout pour moi en l'occurrence parce que j'ai fait la pire finale de ma vie. La chance qu'on a c'est d'avoir beaucoup de tournois, on va rebondir vite. Il faut se remettre dedans, dès vendredi à Dallas, à Chicago, on a le Major qui arrive... On a réussi de belles choses, nous devons regarder devant nous.

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Vous êtes aussi tombé sur une excellente Team Liquid (n°1 mondiale)...
Contrairement à Astralis, c'est au niveau des individualités que cette équipe fait la différence. Tactiquement, elle ne m'impressionne pas, mais c'est la meilleure du monde en termes de joueurs. Ils peuvent tous faire la différence, c'est leur grande force. Ils ont un style de jeu proche de leurs capacités : agressif, rapide... Il ne faut pas jouer dans leur zone de confort et ça nous a coûté pas mal de rounds. Sans ça, je pense qu'on aurait pu les accrocher un peu plus.

Team Liquid, meilleure équipe du monde sur Counter-Strike. ( - ) Stephanie Lieske ESL
Team Liquid, meilleure équipe du monde sur Counter-Strike. ( - ) Stephanie Lieske ESL

Vous avez enchaîné, vous repartez aux États-Unis pour deux tournois, sans réelle pause ou de période pour vous entraîner. Ce n'est pas trop usant ?
Si, mais il y a trois mois on ne pouvait pas se permettre de choisir nos tournois. On avait besoin de points, de montrer ce qu'on valait, de monter au classement (Vitality est n°2 mondiale aujourd'hui)... Résultat, aujourd'hui on enchaîne parce qu'on a accepté des invitations, on s'est qualifiés. On est rentré lundi de Cologne, on repart ce mercredi aux États-Unis... Heureusement, après Chicago (du 18 au 21 juillet) on aura 15 jours de vacances, puis un peu moins de trois semaines d'entraînement pour le Major de Berlin (du 23 août au 8 septembre, l'une des deux plus grosses compétitions de la saison). Nous sommes une équipe qui a besoin de ça. Avec deux, trois semaines de préparation avant une série de tournois, nous serons plus efficaces. Notre niveau actuel, on l'a acquis grâce au travail effectué à partir de notre victoire à Charleroi jusqu'au Summit : trois semaines d'entraînement, avec quelques matches officiels histoire de se tester.

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Un mot sur Mathieu « ZywOo » Herbaut, très performant à Cologne dans un environnement encore nouveau pour lui : vous vous attendiez à le voir aussi serein ?
Mathieu est quelqu'un d'un peu insouciant. Et cette insouciance lui permet, en partie, d'évoluer à ce niveau. Il ne se prend pas la tête. Jouer devant 15 000 personnes ? Il s'en fout. Il en est encore au stade où il joue, sans voir le jeu comme son métier. Il joue à Counter-Strike. Il aura certainement ce niveau incroyable encore longtemps mais avec le temps tu commences à prendre conscience de ce qui t'entoure et tu te poses des questions que lui ne se pose pas encore. C'est la personne la plus talentueuse avec laquelle j'ai joué, avec Kenny (« kennyS » Schrub, un autre joueur français aujourd'hui chez G2). Mais ZywOo est probablement plus complet, il sait tout faire. C'est impressionnant. Les joueurs stars sont mis en condition pour briller mais même avec ça il faut répondre présent. Lui le fait. Statistiquement, c'est un monstre. Il déroule et c'est beau.

À ce propos, le public l'a aidé lors du dernier round qui vous fait remporter Dust 2 en finale (voir vidéo ci-dessus) ?
Je ne vais pas mentir : évidemment. En vocal on a d'ailleurs tous crié tout de suite : « TUNNEL ! » Quand tu entends le bruit de la foule, 15 000 personnes... Ça arrive à toutes les équipes : si le public réagit comme ça, c'est qu'il se passe quelque chose. On a tous compris qu'il était derrière Mathieu quand il s'est retourné. J'ai déjà vu ça mille fois. À Charleroi contre G2 je suis caché dans un endroit un peu improbable, le public commence à gronder, ça monte, parce qu'un gars arrive. C'était Lucky, il s'arrête et m'élimine. Je ne lui ai pas demandé mais je suis persuadé que ça a joué. Sans le public, ZywOo ne se retournait pas. J'en suis sûr.

Qu'en pensez-vous ? Que cela gâche des stratégies ? Vous pensez qu'il y a une solution pour contrer ça ?
L'ESL utilise depuis peu de nouveaux casques et ils sont vraiment bien : tu n'entends rien autour de toi, tu es concentré au maximum. Si tu ne lèves pas les yeux de ton écran vers la salle, tu as l'impression d'être chez toi les doigts de pied en éventail. Mais des milliers de personnes produisent du bruit, des vibrations, qu'il n'est pas possible d'éliminer. Tu vas les entendre. Sauf, peut-être, si on nous met dans des cabines (utilisées lors de certains tournois, selon les jeux). Mais avec ça tu te sens moins proche des gens, tu montes moins en pression, il y a moins d'engouement... Pour la beauté pure et simple de CS : GO, les cabines semblent être la réponse idéale. Mais pour vibrer avec le public... L'équilibre est dur à trouver. Je ne sais pas ce que je préfère moi-même. »

publié le 10 juillet 2019 à 18h45 mis à jour le 10 juillet 2019 à 21h51
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