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Richard Carapaz, champion olympique et rare étendard du sport équatorien

Richard Carapaz, vainqueur à 28 ans de la course en ligne des JO de Tokyo. (Presse Sports)
Richard Carapaz, vainqueur à 28 ans de la course en ligne des JO de Tokyo. (Presse Sports)

Champion olympique à Tokyo après avoir remporté le Giro en 2019, Richard Carapaz rejoint le club extrêmement restreint des sportifs ayant fait figurer l'Équateur au sommet du sport mondial.

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Andrès Gomez, vainqueur de Roland-Garros 1990

Le 10 juin 1990, le sport équatorien fait une entrée remarquée sur la scène mondiale, avec pour cadre la terre battue du court central de Roland-Garros. Andrès Gomez, 30 ans et onze participations au tournoi, se présente en finale du tournoi parisien, alors qu'il n'avait jusqu'alors jamais dépassé les quarts de finale (1984, 1986, 1987). Face à lui, Andre Agassi, de dix ans son cadet et qui dispute lui aussi sa première finale de Grand Chelem. L'Équatorien n'est pas totalement un inconnu : spécialiste de terre battue, il s'est déjà illustré - de manière certes plus confidentielle - en remportant le double en 1988.

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Andrès Gomez et son trophée, en 1990. (Clément/L'Équipe)
Andrès Gomez et son trophée, en 1990. (Clément/L'Équipe)

Dans les tribunes de cette finale 1990, l'ambassadeur équatorien brandit un drapeau à chaque point gagnant de son compatriote. En quatre sets (6-3, 2-6, 6-4, 6-4), Andrès Gomez réalise le plus grand exploit de son pays et remporte Roland-Garros. Il y gagne une popularité dans son pays jamais démentie depuis. Mais il ne rééditera jamais pareille performance ensuite. Gomez poursuivra pourtant sa carrière par intermittence, allant jusqu'à dépanner son équipe en Coupe Davis en 1999 et 2000 pour une remontée dans le groupe mondial.

Jefferson Perez, champion olympique 1996 du 20km marche

L'athlétisme équatorien a également fourni au pays sud-américain la deuxième star planétaire de son histoire. Jefferson Perez devint, à Atlanta, le premier champion olympique de son pays. Mais c'était tout sauf une surprise. Champion du monde junior (10 km) en 1992, vainqueur des Jeux Panaméricains (20 km) trois ans plus tard, Perez avait déjà impressionné les spécialistes en s'emparant du bronze mondial junior en 1990, alors qu'il n'avait que seize ans. À vingt-deux ans, il vint coiffer les Russes et notamment Ilya Markov sur la fin de cette course olympique.

Jefferson Perez, après son premier titre mondial, à Paris en 2003. () Jérôme Prévost/L'Équipe
Jefferson Perez, après son premier titre mondial, à Paris en 2003. () Jérôme Prévost/L'Équipe
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L'histoire de Perez était un peu une caricature de celles des sportifs issus d'un milieu modeste, qui accèdent à la gloire à force de travail. Orphelin de père, subvenant aux besoins d'une mère malade, le marcheur de Cuenca (située 2500 m d'altitude) avouait qu'« il n'y avait pas beaucoup de confort à la maison, mais que c'était suffisant ». Il avait éprouvé à l'époque une méthode d'entraînement rompant avec les schémas traditionnels. Pendant les huit mois précédant Atlanta, il avait alterné à longueur de semaines les entraînements chez lui, à Guyaquil sur les rives du Pacifique, et à 4000 m d'altitude. L'Équatorien n'est pas l'homme d'un exploit solitaire : Perez décrocha une médaille d'argent olympique... douze ans après son titre à Pékin. Et il est surtout triple champion du monde de la discipline (2003, 2005, 2007), un record inégalé.

Richard Carapaz, vainqueur du Tour d'Italie 2019

En franchissant l'ultime arrivée vêtu de rose, et pénétrant en vainqueur dans les arènes de Vérone dimanche, Richard Carapaz a ajouté une nouvelle ligne - la quinzième - au palmarès des nations victorieuses du Giro. L'Équatorien de 26 ans devient surtout le troisième grand sportif de son pays à figurer au sommet d'une grande compétition. Né sur les hauts plateaux de la Cordillère des Andes, à El Carmelo, le village le plus haut perché d'Équateur, à 3 000 mètres, Carapaz a fait ses gammes en Colombie, là où le cyclisme est le plus florissant sur le continent, ce pays qui offre aussi le plus de perspectives pour une éventuelle carrière pro en Europe. Dès le début de sa première saison, en janvier 2016 au Tour de San Luis (Argentine), il tapa dans l'oeil d'Eusebio Unzue, le manager de Movistar qui le fit venir en mai dans son club formateur de Lizarte, à Pampelune, le réservoir principal de son équipe World Tour, où sont passés Marc Soler, Dayer Quintana, le frère de Nairo, mais aussi Andrey Amador, le premier Costaricain à remporter une étape du Giro en 2012.

Son nom n'est pas inconnu : l'année passée, l'Équatorien avait remporté une étape du Giro (au sanctuaire de Montevergine en Campanie), après avoir déjà endossé le maillot blanc du meilleur jeune - il le cédera à Miguel Angel Lopez mais finira 4e du Giro. Le changement de couleur cette année lui permet de définitivement briller dans l'histoire sportive de son pays.

publié le 2 juin 2019 à 21h43 mis à jour le 24 juillet 2021 à 11h06
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